Chez les patients suivant un traitement de radiothérapie, la question de la vie intime et sexuelle pendant et après leur thérapie est couramment une préoccupation majeure.

Pour cause, les impacts de la radiothérapie sur la libido, la fonction sexuelle et la confiance en soi, nécessaire aux relations intimes épanouissantes, sont fréquemment source d’angoisse et de mal-être.

L’altération des capacités du patient à conserver une vie sexuelle épanouissante peut en effet fortement diminuer sa qualité de vie, et notamment chez les patients couples qui peuvent craindre des répercussions sur leur vie familiale.

Vie sexuelle des patients et radiothérapie

La radiothérapie impacte-t-elle la fonction sexuelle ?

La radiothérapie est un traitement local, qui consiste à irradier une zone bien définie de l’organisme afin de détruire les cellules cancéreuses qui y prolifèrent. La zone ciblée est habituellement une lésion cancéreuse ou son site d’exérèse chirurgicale.

Du fait de la nature locale de la radiothérapie, ses impacts sur l’organisme sont essentiellement locorégionaux. Les effets de la radiothérapie concernent ainsi les tissus ciblés par les irradiations, mais aussi les tissus qui ont été traversés par les rayons au cours du traitement (par exemple, la peau).

En fonction de la précision du traitement, les tissus avoisinant la cible irradiée peuvent également recevoir des rayonnements. Aussi, la radiothérapie impacte couramment la fonction sexuelle des patients atteints de cancers des organes habituellement sollicités lors des relations intimes.

C’est notamment le cas des patients recevant un traitement de radiothérapie ciblant un cancer de la prostate, un cancer du sein, un cancer de la sphère ORL et, de manière générale, ciblant tout cancer de la zone pelvienne (vagin, utérus, ovaires, le cancer du côlon, etc.).

Toutefois, la radiothérapie peut également engendrer des effets indésirables systémiques également susceptibles d’altérer la vie sexuelle, quelle que soit la zone du corps irradiée. Ces effets indésirables, transitoires ou permanents, peuvent compromettre l’accès à une vie intime épanouissante en altérant l’état de santé général du patient et/ou sa confiance en lui.

Ainsi, tous les patients recevant une radiothérapie peuvent souffrir de dépression, de fatigue intense, d’anxiété et de difficultés à accepter un corps transformé par leur traitement. Chacun de ces phénomènes peut se traduire par une perte de libido et/ou des troubles mécaniques de la fonction sexuelle.

Quels sont les effets locaux de radiothérapie sur la vie sexuelle ?

Les effets locaux de la radiothérapie sur la vie sexuelle des patients dépendent de la zone irradiée. Dans la prise en charge d’un cancer du sein, la radiothérapie peut engendrer une variation de la densité, du volume et de la forme de l’organe mammaire, qui peut résulter en une modification de la symétrie de la poitrine.

La peau de l’organe mammaire, traversée par les rayons ionisants, peut aussi changer d’aspect. Elle devient couramment hypersensible au toucher, plus fine, plus fragile, et peut brunir. Un lymphœdème (gonflement) du bras est également un effet secondaire commun de la radiothérapie du sein, qui peut altérer le bien-être et l’estime de soi de la patiente. La radiothérapie de la sphère ORL (bouche, nez, voies aérodigestives supérieures) peut engendrer une sécheresse des muqueuses buccales, un inconfort persistant au niveau de la bouche, des saignements, ainsi que des difficultés d’élocution et de déglutition.

En cas d’irradiation de la prostate, on peut observer une perte de qualité de l’érection, ainsi que la présence de sang dans le liquide séminal. L’irradiation d’organes de la zone pelvienne (ovaires, utérus, vessie, colon, etc.) peut provoquer des saignements vaginaux, une sécheresse vaginale et des douleurs et/ou un inconfort lors des rapports sexuels chez la femme, ainsi que des troubles érectiles chez l’homme.  

Quels sont les effets systémiques de la radiothérapie sur la vie sexuelle ?

Quelle que soit la zone irradiée, la radiothérapie provoque couramment une fatigue intense, qui apparaît souvent en différé, plusieurs semaines après le début du traitement, et peut persister des mois après la fin de ce dernier. Souvent vécue comme très incapacitante, la fatigue intense peut empêcher le patient de réaliser des choses simples (se laver, s’habiller, manger…).

Dans ce contexte, une altération de la libido et des troubles sexuels mécaniques (fonction érectile, sécheresse vaginale, etc.) sont communément observés. Enfin, la radiothérapie est un traitement anxiogène, tant du fait de sa nature technique que de son contexte de survenue (prise en charge d’un cancer).

L’angoisse latente dont souffrent de nombreux patients peut avoir un impact conséquent sur leur sexualité. Le stress peut en effet engendrer des troubles érectiles, de l’inconfort lors des rapports sexuels et une baisse de libido.

La vie de couple pendant ou après un traitement de radiothérapie

Malgré les effets locaux et systémiques possibles des traitements de radiothérapie, le maintien d’une vie de couple épanouissante demeure presque toujours possible.

Les dysfonctionnements érectiles, les sécheresses vaginales ou buccales, la perte de libido liée à l’anxiété, la perte de confiance en soi et/ou aux douleurs sont autant de troubles qui peuvent habituellement bénéficier d’une prise en charge satisfaisante.

Par ailleurs, la plupart des effets secondaires de la radiothérapie sont transitoires et finissent par disparaître ou s’atténuer. Le dialogue doit être au cœur des relations intimes des patients, qui doivent pouvoir exprimer leurs craintes et leurs difficultés à leurs partenaires, comme à leur équipe médicale.

Bien que le sujet de la sexualité demeure encore souvent tabou, notamment chez les patients qui ne sont pas traités pour un cancer gynécologique et/ou de la prostate, les échanges avec l'équipe médicale demeurent au cœur de la prise en charge de tous les troubles, physiques comme psychologiques, pouvant altérer la vie intime des patients.

Différents soins de support, qui font partie intégrante de la prise en charge de patients cancéreux, peuvent en effet être proposés à chaque patient. La palette de soins de support existante peut inclure des séances de kinésithérapie, une médication adaptée, ou encore un soutien psychologique pouvant s’étendre aux membres de la famille du patient.

Article écrit le 26/09/2023, vérifié par l'équipe oncologie des Dentellières

Plus d'actualités

Cancer Cancer du foie

18/06/2024

18/06/2024

Mononucléose infectieuse et cancer primitif du foie : y a-t-il un lien ?

10/06/2024

1er centre sur 26 établissements en France à atteindre un score de 85,6% de satisfaction sur l'expérience patient en Clinique de jour.

10/06/2024

Mise en place de la télésurveillance pour les patients en oncologie du Centre de Cancérologie Les Dentellières