Traitements et accès
Les traitements médicamenteux anticancéreux
La chimiothérapie
Définitions
Qu'est ce qu'une chimiothérapie ? Qu’est-ce qu’un traitement adjuvant ou néoadujvant ? Quelles sont les modes d’administration des traitements anticancéreux ?
La chimiothérapie est un traitement systémique, c'est-à-dire qu'elle agit sur l'ensemble du corps. Son objectif est d'aller détruire les cellules cancéreuses quelle que soit leur localisation dans l'organisme, y compris celles qui n'ont pas pu être repérées par les images. Une chimiothérapie comprend en général plusieurs molécules.
Une chimiothérapie est dite néoadjuvante lorsqu'elle est réalisée avant la chirurgie. Son objectif est de diminuer la taille de la tumeur pour la rendre opérable.
Une chimiothérapie est dite adjuvante lorsqu'elle est réalisée après la chirurgie. Son objectif est de détruire les potentielles cellules cancéreuses résiduelles localement et à distance. Elle n'est pas systématiquement nécessaire. Elle ne sera réalisée qu'en cas de risque de récidive ou de métastases.
L'envahissement des ganglions, des vaisseaux sanguins ou lymphatiques par des cellules cancéreuses est un facteur de risque de métastases. Cela signifie que les cellules cancéreuses sont capables de se déplacer dans l'organisme et d'aller former des tumeurs sur d'autres organes. Dans certains cas, la chimiothérapie peut être proposée seule. Il existe plusieurs modes d'administration des chimiothérapies. La voie intraveineuse est la plus fréquente, suivie de la voie orale. Certains médicaments sont administrés par voie intramusculaire (dans le muscle). D'autres peuvent être injectés directement sur le site tumoral (péritoine, plèvre, liquide céphalo-rachidien).
Comment se déroule un protocole de chimiothérapie ?
Un protocole ou cure de chimiothérapie comprend plusieurs séances entrecoupées de périodes de repos. Chaque séance dure un ou plusieurs jours. Les périodes de repos durent une à quatre semaines et permettent au patient de récupérer.
La durée totale d'un traitement de chimiothérapie est extrêmement variable d'une patient à l'autre, d'une situation à l'autre. On parle en général de plusieurs mois. Le temps d'une séance varie de quelques minutes à plusieurs jours.
La qualité de vie du patient demeure une priorité pour les soignants. Par exemple, il est possible de reporter de quelques jours une séance si la personne souhaite se rendre à un événement familial. Il est aussi envisageable d'organiser les séances dans un centre à proximité du lieu de vacances de la personne.
La chimiothérapie intraveineuse
L'injection du traitement de chimiothérapie à l'hôpital ou en clinique est le mode d'administration le plus fréquent. La plupart du temps, le patient rentre le matin à l'hôpital et ressort le jour même. Pour la toute première séance, une hospitalisation de quelques jours pour surveillance peut être proposée au patient. Dans certaines situations, il est possible d'administrer une chimiothérapie à domicile, sous forme de perfusion dans le cadre d'une HAD (hospitalisation à Domicile) ou de SAD (Soins à Domicile). Dans ce cas, le traitement est délivré grâce à un appareillage spécifique, programmé à l'avance à l'hôpital. Il est ensuite mis à place à domicile, par une infirmière libérale.
La pose d'une chambre implantable
Dans le cadre de la prise en charge d'un cancer, les administrations par voie veineuse sont fréquentes. Afin d'éviter d'abîmer les veines du bras et pour améliorer le confort de vie du patient, il est possible de poser une chambre implantable percutanée ou CIP.
Il s'agit d'un petit boîtier relié à un cathéter (petit tuyau). Le cathéter débouche dans une grosse veine. L'ensemble est placé sous la peau, au niveau du thorax, lors d'une courte intervention chirurgicale, sous anesthésie locale. Les médicaments sont injectés directement dans la chambre. Le dispositif reste en place durant toute la durée du traitement. Le patient peut se baigner, faire du sport et même voyager avec. Il sera retiré à la fin de la prise en charge.
La chimiothérapie orale (comprimés ou gélules)
Les médicaments de chimiothérapie par voie orale se prennent au domicile selon la prescription du médecin (moment de la prise, nombre de comprimés, nombre de jours). La plupart de ces traitements sont disponibles en officines de ville.
Comme les chimiothérapies par injection, la chimiothérapie par voie orale va être diffusée dans la totalité de l'organisme. Le comprimé passe de la bouche à l'œsophage, puis à l'estomac et l'intestin où les principes actifs vont passer dans le sang. Celui-ci va ensuite les véhiculer dans le corps pour atteindre toutes les potentielles cellules cancéreuses.
Est-ce que la chimiothérapie peut guérir le cancer ?
Cela dépend de beaucoup de critères : localisation du cancer, état de santé général du patient, stade d'évolution de la maladie... Mais oui, de plus en plus souvent, la chimiothérapie faisant suite à la chirurgie et accompagnée ou non de radiothérapie permet de guérir le cancer.
Quels sont les effets secondaires de la chimiothérapie ?
Les effets secondaires des chimiothérapies sont souvent très redoutés par les patients. Ils ne sont pas systématiques. Ils sont toujours temporaires. Ils peuvent être très variables d'un patient à l'autre, et même d'une cure à l'autre chez un même patient.
L'importance des effets indésirables n'a pas de lien avec l'efficacité de la chimiothérapie. Ne pas ressentir d'effets indésirables importants ne signifie pas que le traitement n'agit pas ! Les médicaments de chimiothérapie s'attaquent aux cellules cancéreuses qui se divisent très rapidement. Mais certaines cellules saines se divisent aussi très rapidement : les cellules du tube digestif, les cellules des cheveux et des poils, les cellules de la reproduction, les cellules de la moelle osseuse à l'origine des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes. C'est de là que proviennent les effets indésirables des chimiothérapies.
Prévenir les effets indésirables
C'est notamment l'une des missions des soins de support.
- Nausées et vomissements : ils sont beaucoup moins fréquents et moins intenses ces dernières années. Les antiémétiques permettent de les prévenir efficacement, s'il s'agit d'une chimiothérapie susceptible d'en provoquer.
- Fatigue : elle ne doit pas être banalisée. Correctement prise en charge, elle peut être soulagée. Il peut s'agir d'une activité physique adaptée, de conseils nutritionnels, d'un accompagnement psychologique.
- Maux de bouche : pour éviter les aphtes, des bains de bouche sont recommandés, ainsi que l'éviction de certains aliments (gruyère, ananas, noix, citron, moutarde...).
- Chute de cheveux : toutes les chimiothérapies ne font pas perdre les cheveux. En attendant la repousse, il est possible de se faire prescrire une perruque par le médecin, en partie remboursée par la sécurité sociale.
- Diminution des globules blancs : leur baisse peut être anticipée grâce aux facteurs de croissance. Toute survenue d'effet indésirable doit être signalée immédiatement à l'équipe médicale. Votre médecin pourra vous proposer soit un traitement de support, soit une adaptation du protocole de chimiothérapie pour qu'il soit supportable.
Comment savoir si la chimiothérapie fait effet ?
Tout au long de son traitement, le patient fait des examens pour suivre l'évolution du cancer. S'il s'agit d'une chimiothérapie néoadjuvante, un scanner pourra déterminer si la tumeur a réduit de volume suite aux séances de chimiothérapie. Selon le type de cancer, des prises de sang permettent de doser des marqueurs, reflet de l'évolution de la maladie.
Combien de temps faut-il attendre entre la fin d'une chimiothérapie et la radiothérapie ?
Cela dépend des protocoles. Le traitement par radiothérapie est en général débuté quelques semaines à quelques mois après la fin de la chimiothérapie. La radiothérapie n'est pas systématique. Elle ne sera réalisée que si elle est indispensable à la prévention des récidives et à l'augmentation des chances de guérison.
L'immunothérapie
Qu'est-ce-que l'immunothérapie ?
Notre organisme a la capacité de se défendre seul lorsqu'il rencontre un virus, une bactérie ou n'importe quel agent infectieux. Il peut aussi lutter contre le cancer, en détruisant les cellules devenues cancéreuses. Malheureusement, celles-ci développent des stratégies pour échapper à la réaction immunitaire du corps humain. L'objectif de l'immunothérapie est de restaurer la capacité de notre organisme à combattre lui-même contre le cancer.
L'immunothérapie est une véritable révolution dans la prise en charge des cancers. Les médicaments n'ont plus pour objectif de détruire les tumeurs mais d'outiller l'organisme pour qu'il détecte et détruise les cellules cancéreuses. Plusieurs médicaments sont déjà disponibles en routine et de nombreux autres sont en cours de test dans le cadre d'essais cliniques.
Est-ce que l'immunothérapie guérit le cancer ? Quelle est l'efficacité anti-tumorale de ces médicaments ?
Quels sont les résultats ?
L'immunothérapie participe activement à la guérison des cancers, dans un nombre toujours plus important de localisations et de types de cancers. Ce type de thérapie offre une efficacité importante et de bons résultats, qui se maintiennent dans le temps chez les patients répondeurs.
En revanche, tous les patients ne sont pas répondeurs aux traitements par immunothérapie. Il y a environ 30% de patients répondeurs. Pour le moment, nous manquons de biomarqueurs précis et fiables qui pourraient prédire correctement la réponse au traitement à l'avance.
Néanmoins, la charge mutationelle est un biomarqueur porteur d'espoir. Les immunothérapies sont plus efficaces dans les tumeurs avec de nombreuses mutations. Il est possible d'établir un ratio entre le nombre de gènes tumoraux déficients et le nombre total de gènes. Plus celui-ci est élevé, plus le patient a de chances de répondre au traitement d'immunothérapie. De nombreux projets de recherche sont en cours dans ce domaine.
Quels sont les différents types d'immunothérapie ?
Il existe plusieurs façons d'activer le système immunitaire.
Les médicaments d'immunothérapie non spécifiques stimulent le système immunitaire dans son ensemble. Il peut s'agir de cytokines comme l'interleukine-2 indiquée dans le cancer du rein métastatique et le mélanome métastatique.
Les vaccins thérapeutiques consistent à injecter au patient des éléments de cellules cancéreuses ou des pathogènes, non dangereux mais capables de déclencher une réponse immunitaire. On les distingue des vaccins préventifs, qui ont pour objectif d'empêcher la survenue du cancer. Par exemple, le BCG (Bacille de Calmette et Guérin) peut être utilisé dans le cancer localisé, non invasif, de la vessie. Le mécanisme d'action n'est pas parfaitement élucidé, mais il semblerait qu'il soit capable d'activer la réponse immunitaire.
La thérapie cellulaire comprend le prélèvement de cellules immunitaires du patient, leur modification en laboratoire pour les rendre plus efficaces puis leur réinjection au patient. Celles-ci se nomment cellules CAR-T. Elles sont utilisées dans la prise en charge de certaines leucémies et lymphomes.
La virothérapie utilise un virus modifié pour détruire spécifiquement les cellules tumorales. Un médicament basé sur ce principe est déjà autorisé aux Etats-Unis contre le cancer du mélanome.
Les immunomodulateurs visent à réactiver le système immunitaire en levant les mécanismes de détournement mis en place par la tumeur. Par exemple, certaines cellules cancéreuses développent à leur surface des récepteurs spécifiques nommés PD-L1. Les PD-L1 ont la capacité de s'accrocher aux PD-1 des cellules immunitaires pour les empêcher de détruire la cellule cancéreuse. Les immunomodulateurs anti PD-L1 et anti PD-1 bloquent la liaison entre la liaison entre les deux récepteurs pour restaurer la capacité d'action des cellules immunitaires.
Quels sont les immunomodulateurs aujourd'hui disponibles en France ?
- Nivolumab est un anticorps anti PD-1. Il est indiqué seul ou en association dans plusieurs localisations : mélanome, cancer du poumons non à petites cellules, cancer du rein à cellules claires, lymphome de Hodgkin, cancer épidermoïde de la tête et du cou, cancer urothélial.
- Pembrolizumab est un anticorps anti PD-1. Il est indiqué dans plusieurs localisations : mélanome, cancer du poumon non à petites cellules, cancer du rein à cellules claires, lymphome de Hodgkin, cancer épidermoïde de la tête et du cou, cancer urothélial.
- Dostarlimab est un anticorps anti PD-1 indiqué dans le traitement des cancers réfractaires de l'endomètre.
- Cemiplimab est un anticorps anti PD-1 indiqué dans le traitement des cancers de la peau et des cancers pulmonaires non à petites cellules.
- Atezolizumab est un anticorps anti PD-L1. Il est indiqué dans le cancer urothélial et le cancer du poumon non à petites cellules.
- Durvalumab est un anticorps anti PD-L1. Il est indiqué le cancer du poumon non à petites cellules et dans le cancer de la vessie.
- Avelumab est un anticorps anti PD-L1. Il est indiqué dans le carcinome de Merckel et le cancer du rein.
- Ipilimumab est un anticorps anti CTLA-4. C'est un point de contrôle des cellules immunitaires que certaines cellules cancéreuses ont la capacité de bloquer. En le débloquant, les cellules immunitaires redeviennent actives. Il est indiqué seul ou en association dans le mélanome avancé (non résécable ou métastatique), dans certains cancers du rein, dans le cancer colo-rectal.
Tous les anticorps monoclonaux ont une dénomination qui finit par le suffixe -mab. Les anticorps monoclonaux sont produits dans des cellules qui sont toutes identiques les unes aux autres, d'où leur nom de monoclonal (= 1 seul clone).
Comment se passe un traitement par immunomodulateurs ? Combien de temps dure l'injection ?
Tous les traitements immunomodulateurs actuellement disponibles sont administrés par voie intraveineuse. La perfusion dure de 30 à 90 minutes selon le médicament et se déroule à l'hôpital, éventuellement en ambulatoire. Les injections sont en général espacées de 2 à 3 semaines. Selon le traitement d'immunothérapie, il peut y avoir un nombre fini d'injections, déterminé au départ. Pour d'autres, les injections sont poursuivies jusqu'à la guérison du patient ou sont sont stoppées si le patient ne répond plus.
Quels sont les effets indésirables et secondaires de l'immunothérapie ? Comment les éviter ?
Les effets secondaires de l'immunothérapie sont liés à son mode d'action. En activant le système immunitaire, celui-ci va détruire les cellules cancéreuses, mais peut aussi détruire des cellules saines, par erreur. Cela peut déclencher des maladies auto-immunes ou des pathologies inflammatoires. Les zones les plus fréquemment touchées sont :
- la peau : rougeurs, démangeaisons, dépigmentation,
- le système digestif : diarrhée, colite, constipation, douleurs abdominales, nausée, vomissements,
- le foie : jaunissement de la peau ou du blanc des yeux, hépatite, inflammation du foie,
- les poumons : difficulté à respirer, toux, pneumonie
- l'hypophyse : inflammation
- la thyroïde : hypo ou hyperthyroïdie.
Néanmoins, les effets indésirables des molécules d'immunothérapie ne sont d'une part pas systématiques, et d'autre part modérés et réversibles à l'arrêt du traitement. Il est important de les signaler au plus tôt à l'équipe médicale ou au médecin traitant pour une prise en charge précoce. En cas d'effets indésirables trop importants, le traitement peut être interrompu et reporté. Les effets indésirables liés à l'immunothérapie surviennent généralement rapidement après l'instauration du traitement.
L'hormonothérapie
Définition de l'hormonothérapie : quelle est la différence entre la chimiothérapie et l'hormonothérapie ?
L'hormonothérapie est un traitement qui vise à bloquer la production ou l'action de certaines hormones produites par l'organisme.
En effet, certaines d'entre elles peuvent favoriser la croissance des cancers. Les deux localisations principalement concernées par ce type de prise en charge sont le sein et la prostate.
Tous les cancers du sein et de la prostate ne sont pas répondeurs à l'hormonothérapie. Seuls ceux dits hormonodépendants, c'est-à-dire ceux présentant des récepteurs hormonaux à la surface des cellules, le sont. C'est grâce à un examen d'une biopsie ou de la pièce opératoire au microscope que l'on sait si la tumeur est éligible ou non à un traitement par hormonothérapie (examen anatomopathologique).
La chimiothérapie est un traitement direct du cancer : elle vient détruire les cellules cancéreuses. L'hormonothérapie est un traitement indirect : elle vient empêcher l'action des hormones pour freiner la croissance tumorale.
Les personnes atteintes d'un cancer hormonodépendant ne produisent pas plus d'hormones que les autres, ni une hormone différente. Le problème vient de la tumeur qui présente des récepteurs à ces hormones.
Comment se déroule un traitement hormonal ? Quand commence-t-il ?
Les traitements hormonaux du cancer sont des comprimés (voie orale) qui se prennent au domicile du patient.
elon les protocoles, l'hormonothérapie est prescrite ,avant ou après la chirurgie avant ou après la radiothérapie. Si elle est prescrite avant, c'est un traitement néoadjuvant qui a pour objectif de réduire la taille de la tumeur. Si elle est prescrite après, c'est une hormonothérapie adjuvante qui vise à réduire le risque de rechute du cancer. Dans ce second cas, le traitement est prescrit pour au moins 5 ans.
Hormonothérapie dans les tumeurs hormonodépendantes du sein
Chez certaines femmes atteintes d'un cancer du sein, la tumeur est sensible à l'action des oestrogènes naturels produits par les ovaires. Elle possède à sa surface des récepteurs capables de capter les hormones circulant dans le sang de manière physiologique.
Il existe 4 types d'hormonothérapies dans le cancer du sein :
- Les anti-oestrogènes (tamoxifène) : ils empêchent les oestrogènes de se fixer sur les cellules cancéreuses hormonosensibles. C'est un traitement de référence.
- Les inhibiteurs de l'aromatase : ils bloquent non pas l'action mais la fabrication des hormones. Ils sont prescrits chez la femme ménopausée uniquement.
- Les analogues de la LH-RH : ils bloquent la fabrication des oestrogènes. Ils peuvent être utilisés chez la femme non ménopausée. Cela peut être considéré comme une ménopause induite.
- La radiothérapie ovarienne : une ménopause artificielle est induite par des rayons sur les ovaires pour stopper la fabrication des oestrogènes. Cette méthode définitive est de moins en moins utilisée.
Hormonothérapie dans le cancer de la prostate
Dans le cancer de la prostate chez l'homme, la testostérone stimule la croissance des cellules cancéreuses. Il existe 3 types d'hormonothérapie dans le cancer de la prostate :
- L'ablation des testicules par intervention chirurgicale : cette opération a pour objectif de supprimer la fabrication de testostérone.
- Les analogues de la LH-RH : ils bloquent aussi la fabrication de testostérone.
- Les anti-androgènes : ils bloquent l'action de la testostérone.
Quels sont les effets secondaires et indésirables de ces médicaments (cheveux, prise de poids) ?
Un traitement par hormonothérapie prive le patient d'hormones, œstrogènes chez la femme et testostérone chez l'homme. Chez la femme, les symptômes sont globalement ceux de la ménopause. Les effets secondaires sont extrêmement variables d'une personne à l'autre.
Il peut s'agir d'une diminution de la libido, de dysfonctions sexuelles (troubles de l'éjaculation, sécheresse vaginale), d'un état dépressif, d'une grande fatigue, d'une prise de poids, de bouffées de chaleur, de douleurs musculaires ou articulaires, d'un arrêt des cycles menstruels. En revanche, l'hormonothérapie ne fait pas perdre les cheveux.
Ces effets secondaires sont transitoires et réversibles à l'arrêt du traitement. Il peut être tentant de stopper le traitement au bout de quelques mois ou années, alors que l'on ne se sent plus malade. Néanmoins, il est très important de respecter la durée de prescription décidée par le médecin (en général 5 ans) pour éviter le risque de rechutes localement et à distance.
Il existe des moyens médicamenteux et non médicamenteux de soulager ou du moins d'amoindrir l'impact des effets secondaires. L'hypnose et la psychothérapie seraient bénéfiques dans la prise en charge des dysfonctions sexuelles et dans la dépression.
Traiter les effets indésirables
L'hypnose est une technique permettant de plonger le patient dans un état de conscience particulier, l'état hypnotique. L'état hypnotique est différent de l'état de veille ou de sommeil. L'hypnose est de plus en plus utilisée en médecine à des fins antalgiques, sédatives ou psycho-thérapeutiques. Dans certaines situations, elle offre une alternative intéressante aux traitements médicamenteux.
Concernant les bouffées de chaleur, elles sont favorisées par le café, l'alcool, les épices et le stress. La pratique de la relaxation, du yoga, de la sophrologie, de l'acupuncture peut soulager les patientes. Certains antidépresseurs comme le venlafaxine ont également démontré leur efficacité.
Concernant la prise de poids, effet indésirable très ingrat, la solution la plus efficace est d'adopter une excellente hygiène de vie : alimentation équilibrée et activité physique.
Concernant les douleurs articulaires, l'activité physique est également recommandée. Elle permet aussi de lutter contre la fatigue et les états dépressifs. En cas de crise aiguë, des anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent être pris,
Peut-on refuser l'hormonothérapie lors de la prise en charge d'un cancer hormonodépendant ?
Le patient est acteur de son parcours de soin. A aucun moment, un traitement ne peut lui être imposé. Le patient a la possibilité de discuter avec son médecin des potentiels effets indésirables d'un traitement en regard des bénéfices apportés. Néanmoins, tous les cas sont envisageables : il est possible de rechuter sous hormonothérapie comme il est possible de ne jamais rechuter sans hormonothérapie. Le médecin ne peut communiquer que des pourcentages de risque. Selon une étude récente, le risque de récidive est multiplié par 2,31 chez les femmes jeunes qui ne prennent pas leur traitement d'hormonothérapie après un cancer du sein (1).
Si les effets indésirables de l'hormonothérapie sont trop lourds à supporter, il faut en parler avec l'équipe médicale. Il est possible de changer de molécule d'hormonothérapie. Il est aussi envisageable de faire une pause dans le traitement puis de le reprendre quelques semaines plus tard, en accord avec le médecin. Des alternatives existent avant de prendre la décision radicale d'arrêter le traitement.
1INSERM. Les femmes jeunes rechutent plus de leur cancer du sein lorsqu’elles stoppent l’hormonothérapie la première année. Publié le 23 juin 2020. Consulté le 27 septembre 2022.
Médecine de précision et médecine individualisée
Médecine de précision et médecine individualisée
Pendant près de 30 ans, le choix des traitements dans la prise en charge des cancers reposait uniquement sur la localisation et le grade histo-pathologique de la tumeur, son extension (nodules régionaux et/ou métastases) et l'état général du patient.
Même si ces critères sont toujours d'actualité, d'autres sont maintenant pris en compte, permettant une médecine de précision. Ce sont les caractéristiques moléculaires de la tumeur.
La chimiothérapie, un type de traitement encore incontournable à l'heure actuelle, agit sur l'ensemble des cellules du corps. En médecine de précision, les médicaments attaquent seulement les cellules cancéreuses, grâce à une cible qui permet de les distinguer des cellules saines. Cette cible peut être un récepteur ou une protéine, exprimé à la surface de la cellule cancéreuse. Épargnant les cellules normales du corps, ces traitements prometteurs génèrent moins d'effets indésirables et sont généralement mieux supportés par les patients.
Il est possible d'aller encore plus loin. Les traitements de médecine personnalisée peuvent aussi être adaptés aux caractéristiques moléculaires spécifiques de la tumeur du patient. Chaque patient reçoit un traitement personnalisé, de façon individuelle.
Comment les caractéristiques des tumeurs sont-elles déterminées ?
Les biomarqueurs sont des molécules dont la présence ou l'absence peut témoigner de l'existence d'un cancer.
Ils sont retrouvés soit dans le sang, soit dans les urines, soit dans la tumeur. Leur taux peut donc être mesuré lors d'une prise de sang, d'un prélèvement d'urines ou d'une biopsie. Si la tumeur est opérable, les caractéristiques de la tumeur peuvent aussi être déterminées sur pièce opératoire. Selon le rôle qu'ils jouent dans le processus de transformation de la cellule normale en cellule cancéreuse, le dosage des biomarqueurs tumoraux peut permettre le dépistage, le diagnostic, l'évaluation du pronostic et le choix du traitement le plus approprié.
Quels traitements entrent dans la classe des médecines de précision ?
Quelques exemples de médicaments déjà disponibles même s'il reste de nombreuses cibles à découvrir, la médecine personnalisée dans la prise en charge des cancers est déjà une réalité.
Certains cancers du sein expriment le récepteur HER2. Il existe un traitement ciblant spécifiquement cette molécule. Il s'agit d'un anticorps monoclonal, le trastuzumab. En se fixant sur les cellules cancéreuses, il inhibe leur prolifération.
Le cetuximab et le panitumumab sont des thérapies de médecine de précision visant l'EGFR. En l'absence de mutation du gène KRAS, elles sont efficaces dans la prise en charge du cancer du côlon.
Le géfitinib est une molécule utilisée dans le cancer du poumon non à petites cellules. Il cible aussi l'EGFR. Ce traitement est particulièrement efficace chez les patients porteurs de certaines altérations génétiques de l'EGFR, impliquant une activité permanente de l'EGFR.
Les thérapies dites ciblées ne sont efficaces qu’en présence de l’altération moléculaire correspondante. Dans ces trois exemples, il est possible de savoir à l'avance si un patient va répondre au traitement ou non en fonction de ses caractéristiques génétiques. En cas de patient non répondant, cela permet de passer immédiatement à l'étape suivante, sans perte de temps et sans perte de chance pour le patient.
Les thérapies de médecine personnalisée ont un coût particulièrement important. Par exemple, une injection de trastuzumab coûte 1 161 euros hors-taxes (1 injection toutes les 3 semaines) (1). En France, le cancer est une ALD (Affection de Longue Durée). Ce qui signifie que l'ensemble des traitements en lien avec le cancer sont pris en charge à 100% par l'Assurance maladie. C'est le médecin traitant qui s'occupe de la démarche.
1Légifrance. Avis relatif aux prix de spécialités pharmaceutiques publiés en application des articles L. 162-16-5 et L. 162-16-6 du code de la sécurité sociale. JORF du 25 mars 2022. Consulté le 19 septembre 2022.