La boulimie est une maladie mentale caractérisée par des épisodes de suralimentation incontrôlée suivis de comportements compensatoires extrêmes. Ce cycle destructeur entraîne non seulement des carences nutritionnelles, telles que des déficits en vitamines et minéraux essentiels, mais également des déséquilibres électrolytiques qui peuvent gravement affecter la santé physique de l'individu. Au-delà des conséquences corporelles, la boulimie plonge souvent la personne dans une profonde détresse émotionnelle, marquée par la honte, la culpabilité et un sentiment d'impuissance face à la maladie.
Boulimie : mieux comprendre ses mécanismes
La boulimie est une pathologie appartenant à la famille des troubles du comportement alimentaire (TCA). Les TCA désignent des perturbations persistantes du comportement alimentaire qui affectent négativement la santé physique et mentale de l'individu.
La boulimie est un comportements caractérisé par l’ingestion de très grandes quantités de nourriture en un court laps de temps, associé à un sentiment de perte de contrôle. L'individu ressent un besoin frénétique de se suralimenter. Pour compenser ces excès alimentaires, elle adopte alors des comportements compensatoires déviants pour éviter une prise de poids, tels que le vomissement provoqué, l'usage abusif de laxatifs ou de diurétiques, le jeûne, ou l'exercice physique excessif.
Les personnes boulimiques ne sont donc pas en surpoids mais leurs comportements affectent profondément leur estime de soi. Elles ressentent un profond sentiment de culpabilité, de honte, ou de dégoût envers elle-même.
💡 L'anorexie mentale est un autre exemple de trouble de la conduite alimentaire caractérisé par le refus de s'alimenter de l'individu par peur de prendre du poids, une perception déformée du corps et une extrême maigreur.
Boulimie nerveuse et anorexie mentale : deux troubles mentaux antagonistes ?
La boulimie et l'anorexie mentale sont deux troubles du comportement alimentaire qui partagent certaines caractéristiques communes, mais peuvent être considérés comme antagonistes dans leurs manifestations.
L'anorexie mentale est marquée par une restriction alimentaire extrême et une peur intense de prendre du poids, conduisant à une perte de poids excessive et à une obsession du contrôle alimentaire. Les personnes anorexiques limitent sévèrement leur apport calorique par la pratique de jeûnes prolongés ou en évitant de consommer des aliments (la plupart des aliments).
La boulimie, en revanche, se caractérise par des épisodes de suralimentation incontrôlée (crises de boulimie) suivis de comportements compensatoires (vomissements, pratique sportive excessive).
Dans le cas de la boulimie, la relation avec la nourriture est marquée par un cycle de frénésie alimentaire et de purge. Dans le cas de l'anorexie, le contrôle rigide de l'alimentation est central.
Bien que ces deux troubles soient opposés dans leur expression — la restriction pour l'anorexie contre l'excès pour la boulimie —, ils partagent une origine commune liée à des préoccupations excessives autour du poids, de l'image corporelle et un besoin pathologique de contrôle. Ces troubles peuvent coexister chez certaines personnes ou même basculer de l'un à l'autre.
Quels sont les deux types de boulimie ?
Boulimie vomitive et hyperphagie boulimique : deux manifestations distinctes de la boulimie
On distingue deux types de boulimies : la boulimie vomitive et l’hyperphagie boulimique. Elles sont toutes les deux considérées comme des comportements alimentaires compulsifs ou TCA.
La boulimie vomitive est un TCA pour lequel les crises d’hyperphagie sont suivies de pratiques compensatoires. Pour maintenir un IMC normal et ne pas prendre de poids, les personnes boulimiques vont tout faire pour éliminer les calories ingurgitées. La personne peut se forcer à vomir après une crise, suivre un régime très restrictif ou encore pratiquer le jeune transitoire entre les épisodes de suralimentation. Ou bien pratiquer un sport de manière excessive. L'utilisation de médicaments laxatifs ou diurétiques est également fréquente car ils favorisent la perte de poids par l'élimination de l'eau et des sels de l'organisme.
Si l’hyperphagie boulimique obéit aux mêmes pulsions hyperphagiques incontrôlables, elle ne donne lieu en revanche à aucune attitude compensatoire à l’issue des crises. La conséquence directe de l’hyperphagie boulimique est une prise de poids conséquente de l'individu, qui le mène souvent à l'obésité.
⚠️ La consommation de médicaments laxatifs n'aident pas vraiment à réduire l'apport calorique alimentaire. En effet, les nutriments contenus dans les aliments sont déjà assimilés par l'organisme avant que les laxatifs n'agissent. Leur utilisation excessive peut en revanche entraîner de graves complications.
Quelles sont les causes et facteurs de risques principaux de la boulimie ?
Les causes de la boulimie et de l’hyperphagie sont multiples. Elles englobent généralement des facteurs familiaux, sociaux et psychologiques.
Environnement familial et social
✔️ Dans certaines familles où une grande importance est accordé à l'apparence physique, au poids ou au contrôle de l'alimentation, la pression ressenti peut favoriser le développement de troubles du comportement alimentaire.
✔️ Les dynamiques familiales conflictuelles ou stressantes peuvent exacerber les TCA chez les individus les plus vulnérables.
✔️ Le culte de la minceur et du corps parfait véhiculée par les médias et les réseaux sociaux peut conduire les personnes les plus vulnérables à suivre des régimes stricts, qui amènent souvent à des effets compensatoires (boulimie, hyperphagie boulimique).
Facteurs psychologiques
Les origines psychologiques de la boulimie sont indéniables car la maladie est généralement l'expression d'un mal-être profond chez l'individu.
En effet, il est très fréquent de retrouver d'autres pathologies mentales chez les personnes boulimiques, ou d'autres signes caractéristiques d'une détresse psychologique : trouble dépressif, trouble bipolaire, faible estime de soi, perfectionnisme.
L'hyperphagie associée à la boulimie sert donc d'exutoire à l'individu, qui est submergé par des émotions négatives. La consommation de nourriture à outrance, et le plaisir instantané qui en découle, leur permet d'atténuer leur stress et angoisses.
Evènements traumatiques
Certains évènements de vie peuvent déclencher un trouble des conduites alimentaires chez la personne. C'est le cas de la maltraitance, de la perte d'un être cher, d'un accident grave ou encore d'un traumatisme sexuel.
Reconnaître la maladie : comment identifier une crise de boulimie ?
Crise d'hyperphagie : principal symptôme de la boulimie
La caractéristique principale d'un comportement boulimique est l'hyperphagie.
La crise d'hyperphagie est un épisode de frénésie alimentaire qui conduit la personne à ingurgiter de grandes quantités de nourriture en un court laps de temps. La personne ressent un besoin impérieux de se "remplir" l’estomac à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. La nourriture est mangée telle qu’elle, crue ou froide. Les aliments choisis sont souvent gras, sucrés, riches en goût, car ils procurent un sentiment de plaisir qui atténue momentanément les angoisses.
Ces crises boulimiques surviennent souvent en dehors des repas, conséquemment à une émotion négative ou un fort stress.
Fréquence des crises, perte de contrôle, et sentiment de honte
D'autres éléments en lien avec l'hyperphagie permettent d'identifier une crise de boulimie chez le patient.
✔️Fréquence des crises : on parle de boulimie si les crises perdurent depuis au moins 3 mois, à raison d’une crise par semaine au minimum.
✔️Perte de contrôle : pendant la crise de boulimie, la personne est en totale perte de contrôle. Elle ne peut pas résister à ses pulsions hyperphagiques.
✔️Comportement compensatoire après les crises : pour éviter de prendre du poids, la personne se fait vomir, consomme des médicaments (laxatifs ou diurétiques) ou pratique le sport de manière excessive. Elle évacue ainsi le trop plein de calories ingurgitées. Elle le fait à l'abri des regards, pour éviter d'éveiller les soupçons de ses proches.
✔️Sentiment de culpabilité et de honte post-crise : rétrospectivement, la personne se sent honteuse et éprouve un certain dégoût envers elle même.
Quelles sont les conséquences d'un comportement boulimique pour l'individu ?
Les comportements boulimiques ont d’importantes répercussions sur la santé physique, mentale et sur la vie sociale de l'individu.
- Sur le plan physique, les vomissements répétés peuvent provoquer des troubles digestifs : ulcère, inflammation du pancréas, reflux gastriques, troubles intestinaux. Ces vomissements peuvent également entraîner des déséquilibres électrolytiques (potassium, sodium…) à l’origine d’arythmies cardiaques graves. De même qu’une déshydratation, une insuffisance rénale fonctionnelle et des règles irrégulières. L’acidité des vomissements peut agresser l’émail dentaire, favoriser les caries et le déchaussement de dents. Elle peut également provoquer une hypertrophie des glandes salivaires. Enfin, ces vomissements peuvent être à l'origine de carences alimentaires sévères.
- Sur le plan psychologique, la boulimie altère l’estime de soi, accroît l’anxiété, le sentiment de culpabilité : autrement dit le sentiment de mal-être. La boulimie peut conduire au repli sur soi, au trouble dépressif, et augmente le risque de suicide.
- Sur le plan social, les épisodes d'hyperphagie fatiguent le corps du patient et sont très énergivores. Les actes compensatoires (vomissements, médicaments) sont masqués, et ont lieu à l'abri des regards. Au cours du temps, la personne bascule fatalement dans un isolement social et professionnel.
Soigner la boulimie : quels sont les moyens de traitement de l'hyperphagie boulimique ?
Le traitement de la boulimie nécessite une prise en charge pluridisciplinaire. Cette prise en charge est à la fois psychiatrique et nutritionnelle.
L'objectif du traitement est d'aider les personnes boulimiques à surmonter leurs crises d'hyperphagie, en leur réapprenant à s'alimenter de manière équilibrée et les aidant à retrouver leur estime de soi.
Psychothérapie et prise en charge des TCA
Le médecin ou psychiatre accompagne le patient boulimique dans sa conduite face à la nourriture : il l'aide à réguler son alimentation, et pose un cadre sain qui favorise la coopération.
La thérapie cognitive est généralement recommandée en première intention. car elle est adaptée aux TCA. Elle peut être pratiquée de manière individuelle, ou dans le cadre d'un groupe thérapeutique. Lorsque la personne boulimique est jeune, un format de thérapie familiale est proposé afin d'impliquer la famille dans le processus de guérison.
Options médicamenteuses
Dans certaines situations, des médicaments sont administrés au patients - antidépresseurs par exemple - pour atténuer les symptômes psychiques de la boulimie, de l'anxiété ou de la dépression.
Suivi nutritionnel
En cas de surcharge pondérale ou d'obésité (notamment en cas d'hyperphagie boulimique), une prise en charge nutritionnelle est indispensable. Le travail du nutritionniste consiste alors à réapprendre la personne à manger de manière équilibrée et saine, en dehors de toute contrainte mentale.
Hospitalisation pour les cas les plus sévères
En cas de tentative de suicide, de crise de boulimie majeure, ou de présence d'un trouble mental sévère chez le patient, alors une hospitalisation est envisagée. Les cas d'hospitalisation sont cependant très rares dans ce contexte.
Cet article médical a été relu et validé par un médecin spécialiste en psychiatrie au sein d’un établissement ELSAN, groupe leader de l’hospitalisation privée en France. Il a un but uniquement informatif et ne se substitue en aucun cas à l’avis de votre médecin, seul habilité à poser un diagnostic.
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Vos questions les plus fréquentes
Est ce que la boulimie est une maladie mentale ?
Oui, la boulimie est considérée comme une maladie, plus précisément un trouble mental reconnu dans les classifications médicales, comme le DSM-5 (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders). Elle fait partie des troubles du comportement alimentaire (TCA) et est caractérisée par des comportements compulsifs et des troubles psychologiques qui nécessitent une prise en charge médicale et psychothérapeutique.
Quelle est la différence entre la boulimie et l'hyperphagie ?
La différence principale entre la boulimie et l'hyperphagie boulimique réside dans les comportements qui suivent les crises de suralimentation. Dans le cas de la boulimie, la personne adopte des comportements compensatoires inappropriés pour éviter de prendre du poids suite à la crise d'hyperphagie : vomissements provoqués par exemple, utilisation de laxatifs, jeûne.... En revanche, l'hyperphagie boulimique n'est pas associée à des comportements compensatoires.
La prise de poids est donc plus importante chez les personnes souffrant d'hyperphagie, tandis que les personnes boulimiques peuvent maintenir un poids normal ou fluctuer entre surpoids et poids normal.
Pourquoi fait-on des crises de boulimie ?
Les crises de boulimie surviennent souvent à la suite de tensions émotionnelles, d'un stress latent ou d'un fort sentiment d'anxiété. Les personnes boulimiques utilisent la nourriture comme un moyen de gérer, d'atténuer ou de fuir des émotions négatives difficiles à supporter. Les prises alimentaires excessives entrainent cependant un fort sentiment de culpabilité et de dégoût de soi chez les personnes boulimiques, et viennent alimenter un cycle psychologiquement destructeur.
Qui est touché par la boulimie ?
La boulimie nerveuse touche principalement les adolescentes et les jeunes femmes, bien que les hommes soient également affectés. Ce trouble se manifeste fréquemment à l'adolescence ou au début de l'âge adulte, à un moment où l'image corporelle et la pression sociale sont plus fortes. On estime que la boulimie affecte environ 1 à 2 % de la population générale, dont 90 % de femmes.
L’hyperphagie boulimique apparaît un peu plus tard, vers 20 ans, et concerne 3 à 5% de la population, selon la HAS.
Ces troubles sont plus fréquents dans les sociétés occidentales, où la minceur est valorisée, et certaines populations, comme les athlètes ou les mannequins, peuvent être particulièrement vulnérables.