Définition : qu'est-ce que "le chik" ou chikungunya ?

Le chikungunya est une maladie infectieuse due à un virus qui est transmis par un moustique. Plusieurs espèces de moustiques vecteurs le transmettent, dont le désormais célèbre aedes albopictus (moustique tigre) qui est en train d'envahir doucement la France. Mais le chik, comme on le dit en raccourci, est pour l'instant une maladie des pays chauds, ce que la France métropolitaine n'est pas (tout au moins pas encore). Ce qui n'empêche pas d'y craindre le développement de la maladie.

L'infection à chikungunya a été décrite pour la première fois en 1952, et le virus en a été identifié, lors d’une flambée en Tanzanie. Le terme « chikungunya » vient de la langue makonde et signifie « l’homme qui marche courbé » en référence aux silhouettes des malades atteints de douleurs articulaires. Toutefois, le virus existe sans doute depuis plusieurs siècles.

Son émergence dans le paysage français date de 2005 quand l'Institut Pasteur identifie le virus à la Réunion en février de cette année, avant qu'il ne se répande comme un traînée de poudre pour infecter un tiers de la population de l'île et tuer plus de 200 personnes.

Il s'est ensuite implanté dans les départements français d'outre-mer, surtout en Guadeloupe et en Martinique, Saint Barthélemy et Saint Martin. Aujourd'hui, tous les pays d'Amérique du sud et d'Amérique centrale sont concernés. Et le virus remonte vers des climats plus tempérés puisqu'on le retrouve maintenant aux Etats-Unis et en Europe méridionale, notamment au sud de la France.

En effet, de nombreux cas étant importés, notamment des Antilles, le virus arrive en France métropolitaine. Et comme le moustique vecteur dit compétent pour le transmettre (aedes albopictus ou moustique tigre) se répand, les autorités sanitaires sont en alerte pour détecter et contenir un départ d'épidémie.

Comme les autres maladies virales, on diagnostique le chikungunya par analyse de sang : recherche du virus par RT-PCR ou recherche d'anticorps.

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Transmission du virus du chikungunya

Le chikungunya a été identifié dans beaucoup de pays d’Afrique, d’Asie, d’Europe et, suite aux dernières flambées, dans les Caraïbes, en Amérique Centrale et du Sud, et dans les îles du Pacifique.

Le virus est transmis depuis une personne infectée vers une autre par un moustique dit vecteur. Il s'agit généralement d'un aedes aegypti ou aedes albopictus (« moustique tigre ») capable de transmettre d’autres virus comme celui de la dengue par exemple. Ils piquent le jour, mais principalement au moment du lever et du coucher du soleil.

Pour transmettre la maladie, le moustique doit s’être lui-même infecté auprès d’ une personne malade soit quelques jours avant qu’elle ne présente les symptômes, soit pendant toute la phase symptomatique de la maladie et jusqu’à une semaine après la disparition des symptômes. Après dix jours environ, correspondant à la période de multiplication du virus, le moustique devient contaminant lorsqu’il pique une nouvelle personne.

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Prévention contre le chikungunya

  • Individuelle

Il n’y a à l’heure actuelle aucun vaccin disponible pour le grand public, ni de traitement préventif pour la maladie à chikungunya. La prévention individuelle repose donc sur les mesures de protection anti vectorielle (pour ne pas se faire piquer) pour les personnes saines, mais aussi pour les personnes malades afin d'éviter qu’elles n’infectent de nouveaux moustiques et nourrissent ainsi le cycle de transmission.

Pour se protéger, il est recommandé de porter des vêtements longs et clairs et d'utiliser des répulsifs cutanés sur les parties découvertes, surtout le matin et en fin de journée. Et de dormir sous une moustiquaire imprégnée de répulsifs.

  • Collective

La prévention collective consiste à combattre la reproduction et la prolifération des moustiques par élimination des gîtes larvaires d'eau stagnante nécessaires à la reproduction des moustiques.. Chacun peut et doit y prendre part car ces gîtes sont aussi bien les supports de pots de fleurs que les récipients ou les pneus abandonnés, les déchets...

Il est aussi possible de pulvériser des insecticides lors de flambées de chikungunya et de traiter l’eau contenue dans les réservoirs afin de tuer les larves.

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Traitement du chikungunya

  • Préventif : le vaccin Valneva ?

Il n'existe pas à ce jour de vaccin commercialisé contre le chik.

Toutefois, plusieurs essais sont en cours, dont certains bien avancés. Parmi ces derniers, le vaccin de la société franco-autrichienne Valneva, en essai clinique de phase III c'est-à -dire proche de la dernière phase, est le plus prometteur. Il annonce en effet un taux d'efficacité de 98,5 %.

On peut donc espérer disposer prochainement d'un vaccin pour le grand public.

  • Curatif : est-ce que le chikungunya se soigne ?

Comme pour beaucoup de maladies liées à des virus, il n’existe pas à ce jour de traitement curatif spécifique de la maladie chikungunya. La prise en charge a donc pour objectif de traiter les symptômes, surtout la fièvre et les douleurs articulaires, au moyen d’antipyrétiques (pour faire baisser la température) , d'antalgiques (pour soulager les douleurs) et d’un apport suffisant en liquides.

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Géographie : où se trouve le Chikungunya

Le chikungunya sévit dans les îles de l’Océan Indien (Réunion, Mayotte, Grandes Comores, Madagascar, Maldives, Ile Maurice, Seychelles) et en Asie (Inde, Pakistan, Sri Lanka, Malaisie, Indonésie, Laos, Cambodge, Chine…) et aux Antilles (Martinique, Guadeloupe, Guyane française).

Des épidémies de chikungunya ont aussi été observées dans le passé ou récemment dans différents pays d’Afrique du Nord (Égypte), de l’Est (Tanzanie, Bénin, Burundi, Kenya, Soudan, Ouganda), de l’Ouest (Nigeria, Sénégal), Centrale (République Centrafricaine, Congo, Guinée Equatoriale, Gabon) ainsi qu’en Afrique du Sud, au Malawi et au Zimbabwe. La maladie a également frappé la Nouvelle-Calédonie.

Le chikungunya n’épargne pas l’Europe. Des cas sont survenus en Italie en 2007 et dans le sud-ouest de la France en 2010 chez des personnes piquées par un moustique implanté localement (Aedes albopictus). En métropole, l'immense majorité des cas sont toutefois importés des foyers épidémiques.

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Chikungunya : les symptômes

Jusqu'à un quart des cas peuvent passer inaperçus, ne causant aucun symptôme. Pour les autres, comme souvent avec les maladies virales, il est difficile au début de faire le diagnostic d'après les symptômes, qui évoquent aussi bien une dengue par exemple.

Mais lorsque la maladie est caractérisée, elle se manifeste par l’apparition brutale d’une fièvre élevée et par des douleurs articulaires souvent intenses et touchant plus particulièrement les petites articulations des extrémités (chevilles, phalanges, poignets). Les autres articulations peuvent être touchées et même le rachis (colonne vertébrale) ; les douleurs sont parfois si intenses qu'elles sont décrites comme atroces.

Ces symptômes caractéristiques sont généralement associés à des douleurs musculaires, des maux de tête, une grande fatigue et des éruptions cutanées sur le tronc, la face et les membres, évoquant l'éruption cutanée d'une rougeole.

Malgré tout, l’évolution est le plus souvent favorable. Toutefois, les douleurs articulaires peuvent être très invalidantes et persister pendant plusieurs mois voire plusieurs années. Cette persistance, d'une durée très variable, impose parfois un long dérouillage matinal, et peut être cause de dépression.

Les complications graves sont rares. On a toutefois observé des cas de complications oculaires, neurologiques, cardiaques et gastro-intestinales. Les personnes âgées sont les plus vulnérables face à cette maladie qui peut certaines fois contribuer à la cause du décès. Ordinairement, les enfants souffrent rarement de douleurs articulaires ; le chikungunya se présente chez eux plutôt comme une grippe bénigne. Néanmoins il existe des formes graves, notamment pour les nourrissons.

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Diagnostic du chikungunya

Le diagnostic clinique est difficile, sauf dans les épidémies lorsque les douleurs articulaires prédominent. On en conclut qu'il s'agit d'une infection à chikungunya. Dans ce cas, il n'est pas toujours nécessaire de confirmer par la biologie (RT-PCR ou anticorps).

Pour prouver le chik, il faut soit mettre en évidence le virus dans le sang par RT-PCR (comme pour le virus de la covid), soit détecter des anticorps spécifiques produits suite à l’infection par le chikungunya.

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Vos questions fréquemment posées

Quels sont les symptômes du chikungunya ?

Les symptômes les plus caractéristiques sont une fièvre d'apparition brutale et assez élevée, accompagnée de douleurs articulaires qui peuvent être très intenses, ainsi que de douleurs musculaires et de maux de tête.

Une fois sur deux une éruption de type rougeole sur le tronc, la face et les membres accompagne ces douleurs.

Il s'agit là des signes typiques. D'autres symptômes peuvent être observés.

Où attrape-t-on le chikungunya ? Est-ce possible en France ?

L'infection à chikungunya est une maladie tropicale. Elle est donc surtout répandue dans les pays chauds. Mais le virus s'est maintenant tellement répandu qu'on peut le rencontrer sur tous les continents, y compris la Polynésie française.

Lors d'épidémies, il peut être importé par des voyageurs malades en provenance d'une zone infectée, et il n'est pas impossible alors qu'ils soient piqués par un moustique capable de transmettre la maladie, puisqu'il est maintenant présent sous nos climats. C'est alors la cause d'un cas de chik dit "autochtone" de chikungunya survenant hors zone tropicale.

Chikungunya aux Antilles et à la Réunion

En France, le chik a été responsable d'épidémies très fâcheuses pour ses départements français d'outremer. La première à la Réunion en 2005 a contaminé un tiers de la population de l'île. D'autres s'en sont suivies. Il reste à espérer qu'un vaccin efficace arrive rapidement pour éviter de nouvelles flambées épidémiques.

Les autres départements français des Antilles, Martinique et Guadeloupe surtout ont également été sévèrement touchés.

Quelles sont les séquelles du chikungunya ?

On ne peut pas à proprement parler de séquelles, mais la maladie peut se prolonger pendant des mois, voire des années, par des douleurs articulaires persistantes, des raideurs imposant un dérouillage matinal pouvant durer jusqu'à une heure.

Elles s'accompagnent volontiers de fatigue chronique.

Beaucoup plus rarement il peut s'agir de troubles neurologiques, voire cardiologiques ou oculaires mais il est alors difficile d'être certain de leur lien avec le chikungunya.

Chikungunya, comment lutter ?

En attendant le vaccin - qui pourrait arriver prochainement - la seule manière de se protéger individuellement est d'éviter les piqûres du moustique qui le transmet. Pour ce faire, on porte des vêtements longs, amples et de couleur claire ; sur les parties découvertes on met des répulsifs le plus efficaces possibles ; et on dort sous moustiquaire imprégnée d'insecticide.

Au niveau collectif - et tout le monde est concerné - on évite de laisser traîner toutes les eaux stagnantes que l'on peut vider (coupelles de pots de fleurs, vieux pneus, vieux déchets creux, etc.). Car c'est là que les moustiques pondent leurs œufs et que se développent leur larves.

Zika ou chikungunya ?

Il s'agit de deux maladies virales, mais leurs risques sont bien différents. Pour le zika, il concerne surtout les femmes enceintes avec le risque pour leur foetus (voir la fiche sur le zika). Pour le chikungunya, il s'agit surtout des douleurs articulaires parfois importantes et parfois très durables.

Les maladies virales sont difficiles à distinguer sans analyse de sang. Le chik par exemple est volontiers confondu avec la dengue à ses débuts dans les pays où cette dernière est fréquente.