Le mal aigu des montagnes

Le mal aigu des montagnes (MAM) est un trouble causé par une montée trop rapide en haute altitude, qui entraîne une baisse de la pression et de l’oxygène dans l’air. Il se manifeste par des maux de tête, nausées, vomissements, de la fatigue ou des vertiges. Découvrez comment prévenir se trouble avant votre départ pour une ascencion.

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L’être humain n’est pas conçu pour vivre au-delà de certaines altitudes et pourtant l’ascension de sommets peut constituer tout à la fois une source d’épanouissement, une façon de se dépasser, un sport et un but de voyage comme en témoignent des destinations comme la Tanzanie, le Népal ou la Bolivie qui connaissent toujours le même succès.  

Cette fiche informative est conçue pour vous aider à préparer votre trek, ascension ou séjour en haute montagne mais ne saurait remplacer une consultation spécialisée d’altitude ou le conseil de votre médecin traitant.

Définition

La haute altitude, supérieure à 3000 m, soumet le corps à une baisse de la pression atmosphérique et à une raréfaction de l’oxygène l’obligeant à réagir en hyperventilant et en augmentant le rythme cardiaque, puis en accroissant la fabrication des globules rouges, après un certain temps.

Le mal aigu des montagnes (MAM) est caractérisé par un ensemble de symptômes, de gravité graduelle, apparaissant quelques heures ou quelques jours suivant l’arrivée dans des zones de hautes altitudes, surtout quand l’effort physique a été intense et que le « grimpeur » a effectué plus de 400m de dénivelé par jour.  Il est majoré par le manque de préparation physique à l’effort et à l’hypoxie. Chez certains sujets, il peut apparaître dès 2000m.

Il existe un facteur important de sensibilité individuelle qui peut faire baisser ou augmenter le seuil de déclenchement du MAM. Cela peut être évalué avant une ascension par un test d’effort sous hypoxie.

Les symptômes

Par ordre de fréquence, le MAM se caractérise par des maux de têtes, des insomnies, une fatigue anormale, une perte d’appétit, des nausées et/ou des vomissements. Il peut causer des œdèmes généralement de la face, des mains ou des chevilles.

Les complications majeures sont l’œdème pulmonaire de haute altitude (OPHA) et l’œdème cérébral de haute altitude (OCHA) dont l’issue est fatale en l’absence de traitement et/ou de redescente rapide.

Risque pour le voyageur

  • Antécédents médicaux

Certaines pathologies peuvent contre-indiquer de manière relative ou absolue un voyage en haute altitude. Cela concerne notamment les personnes ayant des pathologies cardiaques ou pulmonaires (maladies coronariennes, troubles du rythme, insuffisance respiratoire, anomalie de l’artère pulmonaire, hypo ou hypertension, asthme d’effort ou au froid …), antécédents ischémiques cérébraux, troubles de la coagulation et antécédents de phlébites, drépanocytose, anémies ou thalassémies, insuffisance rénale, épilepsie, migraine, diabète, antécédents psychiatriques, et bien évidement antécédents d’œdème pulmonaire ou cérébral de haute altitude (OPHA ou OCHA).

Il est recommandé aux personnes présentant l’une de ces maladies de consulter un médecin, et si possible un spécialiste de l’altitude, avant d’entreprendre un voyage à des hauteurs inhabituelles. Il en va de même pour les femmes enceintes et les sujets obèses.

Cependant rappelons que le MAM peut toucher n’importe qui, et notamment des sujets jeunes en pleine santé.

  • Type de voyages

Les voyages « à risque » sont notamment ceux qui débutent à une altitude déjà élevée (ex : aéroport de La Paz en Bolivie à 4061 m) et qui ne laissent pas la possibilité de s’acclimater quelques jours avant l’ascension, ou ceux pour lesquels l’ascension est trop rapide (ex : Kilimandjaro – 5895 m - pour lequel l’ascension se fait généralement sur quelques jours).

Pour rappel : sont atteintes d’un MAM bénin environ 30% des personnes qui gravissent le Mont Blanc (4800 m) et 10% des skieurs à Val Thorens (2300 m).

Prévention et traitement

La prévention repose avant tout sur l'adaptation progressive de l’organisme à l’environnement de haute altitude et sur la redescente rapide en cas d’apparition des premiers symptômes.

Avant

  • Consulter un médecin au moindre doute sur sa santé et ses capacités.
  • Le test à l’hypoxie permet de prévoir le MAM avec un niveau de fiabilité de 75%. Ce test est notamment intéressant pour les personnes qui ont déjà fait un MAM sévère. Il est également demandé en médecine du travail pour les personnes qui vont travailler à haute altitude (ex : les télescopes du Chili à 5000 m), ou les bases du centre de l’Antarctique, où la pression atmosphérique est plus basse du fait de la latitude. Ce test n’est pas remboursé par l’assurance maladie et il convient de s’informer sur son prix.

Sur place

  • Limiter les efforts physiques à l’arrivée et s’acclimater quelques jours avant l’ascension si le trek commence à des hauteurs déjà inhabituelles.
  • Effectuer une ascension progressive, il ne faut pas monter trop vite : moins de 400 m de dénivelé entre deux nuits à partir de 3000 m.
  • Ne pas rester trop haut trop longtemps.
  • Eviter alcool et sédatifs.

Conduite à tenir en cas d’apparition de symptômes :

Stade 1 Maux de tête calmés par antalgiques simples (paracétamol, aspirine). Monter progressivement.
S’acclimater. Ne pas dépasser 400m de dénivelé entre deux nuits.
 
Stade 2 Maux de tête résistants aux antalgiques courants.
Troubles digestifs (perte d’appétit, nausées, vomissements).
insomnie (apnée du sommeil), somnolence diurne.
Essoufflement.
Urines peu abondantes.
Œdèmes des extrémités et de la face.
Se reposer un ou deux jours à la même altitude.
Antalgiques courants.
Hydratation +++ (pas de boisson gazeuse).
 
Redescendre si les signes ne passent pas.
Stade 3 En plus des signes précédents :
Difficultés respiratoires au repos.
Troubles neurologiques (troubles de l’équilibre, signes d’ébriété, troubles de la parole…).
Risque sérieux d’œdème pulmonaire et/ou cérébral.
Surveillance +++ surtout la nuit.
 
Descente rapide impérative.
 
Caisson hyperbare.

 

Recours ou non au Diamox (acétazolamide)

  • Ce médicament doit toujours être prescrit par un médecin. Il existe des contre-indications à ce médicament : colique néphrétique, allergie aux sulfamides, risque de décollement de rétine.
  • Pour les spécialistes, la prescription éventuelle de Diamox dépend surtout de l'étude de l'itinéraire. Et selon certains, il est toujours temps de commencer à le prendre si la personne se rend compte qu'elle s'acclimate moins bien que les autres, le médicament agissant en 12 à 24h.
  • Ce médicament se prend à la dose de 125 mg matin et midi en commençant la veille de l’arrivée en altitude. Le traitement est poursuivi à la descente.

Certaines expéditions sont équipées de caissons hyperbares portatifs ou d’oxygène qui peuvent permettre une amélioration.

Les complications du MAM

  • L’œdème pulmonaire de haute altitude (OPHA)

L’OPHA débute par une toux sèche et un essoufflement anormal puis surviennent crachats roses et mousseux, râles pulmonaires, cyanose (perte de couleur voire coloration bleue de la peau), fièvre. 

La redescente est indispensable. Le traitement associe souvent oxygénothérapie, corticoïdes et nifédipine (Adalte).  

  • L’œdème cérébral de haute altitude (OCHA)

Il peut être associé à un OPHA. C’est la forme la plus sévère du MAM.  Il se caractérise par des maux de têtes intenses, une altération de l’état général, des troubles de la conscience (confusion, hallucination) ainsi qu’une ataxie (trouble de la coordination). Coma et mort peuvent survenir.

Redescente immédiate et évacuation vers une structure médicale sont indispensables.

 

Sources : Pr Richalet (Hôpital Avicenne), Dr Dominique Jean (Grenoble), Dr Bertrand Issartel (Lyon)