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Environ 20 à 30 % des mélanomes, cancers de la peau, se développent à partir de grain de beauté, ce qui sème la confusion entre ces deux éléments, pourtant bien différents. Le grain de beauté n’est pas un cancer ni une lésion précancéreuse. Il peut toutefois le devenir, notamment s’il est exposé à des facteurs le prédisposant à cette évolution. Ainsi, il est important de surveiller soi-même ses grains de beauté régulièrement, et de les faire contrôler par un dermatologue tous les deux ans.

Le grain de beauté, qu’est-ce que c’est ?

Le grain de beauté, ou nævus mélanocytaire, est une tumeur bénigne de l’épiderme prenant habituellement la forme d’une tache pigmentaire, souvent ronde ou ovale, parfois légèrement en relief. Il peut être plus ou moins grand, plus ou moins foncé ou, au contraire, rosé, parfois très classique, ou bien particulièrement atypique (asymétrique, noir, bicolore, etc.).

Si les grains de beauté les plus atypiques ont le plus de risques d’évoluer vers un mélanome, ils ne sont pas précancéreux du seul fait de leur aspect particulier. Il convient plutôt de les montrer à un dermatologue pour s'assurer de leur caractère bénin. Une fois qu’ils ont été identifiés comme bénins, il suffit de les garder à l'œil. En l’absence d’évolution relativement rapide (changement de forme, de couleur, de taille, etc.), ils ne deviennent habituellement pas cancéreux.

Le mélanome, qu’est-ce que c’est ?

Le mélanome est un cancer de la peau peu répandu. Il prend souvent la forme d’une petite tache sombre, c’est pourquoi on le confond souvent avec le grain de beauté. Toutefois, il se développe habituellement sur une peau dénuée de grain de beauté. Ce n’est que dans 20 à 30 % des cas qu’il est issu d’un grain de beauté existant.

Environ 1 grain de beauté sur 100 000 évolue vers un mélanome. Contrairement au grain de beauté, le mélanome est une tumeur maligne. Ainsi, les cellules qui le composent prolifèrent de façon anarchique et finissent par passer les frontières de l’épiderme pour s’infiltrer aux tissus alentour.

En l’absence d’un traitement adapté, les cellules du mélanome risquent de se disséminer dans tout l’organisme, atteignant alors un stade métastatique complexe à traiter. Une prise en charge précoce, dès l’apparition des tout premiers signes de mélanome, permet d’éviter de laisser la maladie évoluer. Cela offre souvent au patient de bénéficier de thérapies plus efficaces et moins lourdes. En tout état de cause, le mélanome est un cancer à très bon pronostic, avec un taux de survie globale de plus de 90 % à 5 ans.

Grain de beauté : quand faut-il s’inquiéter ?

Il est plutôt rare qu’un grain de beauté se transforme en mélanome. Toutefois, toute évolution d’un grain de beauté doit motiver une consultation rapide chez un dermatologue pour s’assurer de son caractère bénin.

La clé de la surveillance des grains de beauté est de bien connaître tous les nævus de sa peau pour se construire un référentiel et être capable de détecter un changement. En effet, il faut retenir que ce n’est pas forcément l’aspect atypique d’un grain de beauté qui révèle un mélanome, mais bien son évolution. Les grains de beauté atypiques sont plus susceptibles d’évoluer et doivent donc être surveillés de plus près, mais tant que leur aspect ne bouge pas, ils ne sont pas inquiétants.

ABCDE grain de beauté - La règle de surveillance

La règle ABCDE (Asymétrique, Bords irréguliers, Couleur non homogène, plus de 6 mm de Diamètre, Évolution) permet d’identifier les grains de beauté atypiques à surveiller de près. Tout grain de beauté répondant à cette règle doit d’abord être montré à un dermatologue pour vérifier son caractère bénin. Ceci fait, il doit être surveillé régulièrement pour déceler précocement toute éventuelle évolution.

Vidéo de la règle ABCDE grain de beauté cancéreux

Puisque le mélanome se développe souvent sur une peau exempte de grain de beauté, il convient également de surveiller l’apparition d’anomalies (tâches, nouveaux « grains de beauté », boutons rouges persistants, etc.) ailleurs qu’au niveau d’un grain de beauté. 

Diagnostic et traitements du mélanome

La biopsie est l’examen de référence pour le diagnostic du mélanome. Celle-ci consiste à prélever le grain de beauté ou l’anomalie suspecte pour l’analyser en laboratoire (examen anatomopathologique).

L’analyse de la lésion permet d’infirmer ou d’avérer son potentiel cancéreux, ainsi que de déterminer, le cas échéant, son stade d’évolution et son grade. Généralement, le mélanome est traité au cours de la biopsie, alors que la lésion cancéreuse est ôtée de l’organisme. Toutefois, si l’examen anatomopathologique détermine que la résection est incomplète et que des cellules cancéreuses demeurent dans l’organisme, des traitements complémentaires pourront être mis en œuvre.

Une seconde intervention chirurgicale peut être pratiquée pour enlever une marge de tissus sains autour du mélanome plus importante, associée à une radiothérapie adjuvante. Une chimiothérapie, traitement systémique, peut également être administrée en complément de ces traitements locorégionaux, quoique cela demeure relativement exceptionnel.

De fait, le mélanome apparaissant sur la peau et non sur un organe interne, il est visible à l’œil nu et est donc souvent détecté suffisamment tôt pour bénéficier d’une prise en charge locorégionale efficace.

Les facteurs de risque du mélanome

Différents facteurs peuvent accroître significativement les risques de souffrir un jour d’un mélanome. Parmi eux, on distingue les facteurs de risque évitables de ceux inévitables. Par les facteurs de risque évitables, on retrouve l’exposition au soleil et aux rayons UV artificiels (cabine de bronzage), ainsi que les coups de soleil, notamment reçus durant l’enfance.

Parmi les facteurs de risque inévitables, on compte notamment la peau, les cheveux et les yeux clairs, le nombre élevé de grains de beauté sur la peau (plus de 50) et les antécédents familiaux et médicaux de mélanome.

États précancéreux grain de beauté suspect

Un état précancéreux est une lésion cutanée qui peut potentiellement évoluer en cancer si elle n’est pas prise en charge. Un état précancéreux de la peau ou d’un grain de beauté peut ainsi se transformer en lésion maligne et devenir un mélanome. Dans le cadre du mélanome, on distingue deux types principaux d’états précancéreux :

Le Mélanome de Dubreuilh (ou lentigo malin)

Cet état précancéreux est aujourd’hui considéré comme un mélanome superficiel extensif en raison de son évolution lente. On le retrouve essentiellement chez les personnes âgées.

Il se caractérise par l’apparition d’une tâche brunâtre ou ocre, plate et aux contours irréguliers, sur la peau au niveau des zones particulièrement exposées au soleil comme le visage, la tête ou les bras. La tâche peut comporter plusieurs couleurs, généralement plus foncées. Mais le lentigo malin peut aussi prendre l’apparence d’une tache de rousseur dont la taille, la forme ou la couleur se modifient au fur et à mesure.

Le lentigo malin évolue lentement et s’étend peu à peu vers l’extérieur sur le plan horizontal à la surface de la peau : on parle de croissance radiale. Il peut rester dans les couches superficielles de la peau (épiderme) très longtemps (des années) avant d’envahir les couches profondes et de prendre la forme d’un mélanome.

Parfois, une dizaine d’années peut s’écouler avant qu’il ne devienne un mélanome infiltrant. L’exposition répétée et prolongée au soleil, sans protection, est le principal facteur de risque. Celui-ci a donc tendance à augmenter avec l’âge.

Le nævus dysplasique ou atypique

Cet état précancéreux correspond à un grain de beauté dont les caractéristiques correspondent au mélanome et répondent à plusieurs points de la règle ABCDE (asymétrie, bords irréguliers, manque d’homogénéité des couleurs, diamètre < 6 mm, évolutivité…).

Habituellement, sa taille est plutôt grande. Sa couleur tend vers le brun rougeâtre. Ses contours sont irréguliers ou mal définis. Il peut être présent dès la naissance ou se former plus tard. Le nævus dysplasique ou atypique peut augmenter le risque de voir apparaître un mélanome, notamment s’il existe des antécédents familiaux de cancer de la peau.

Il est important de surveiller régulièrement sa peau et ses grains de beauté et de consulter rapidement un dermatologue en cas de doute ou de modification d’une lésion.

FAQ Grain de beauté et mélanome

Qu’est-ce qu’un nævus (définition) ?

Le terme médical nævus est employé pour désigner un regroupement de cellules pigmentaires cutanées, les mélanocytes, chargées de produire la mélanine qui donne sa couleur à la peau.

Le terme le plus couramment utilisé pour évoquer le nævus est : grain de beauté. En fonction de leur taille, de leur couleur ou de leur localisation, on distingue plusieurs types de nævus. Certains sont présents dès la naissance et d’autres apparaissent plus tard, au cours de la vie.

Dans la grande majorité des cas, le nævus est bénin et sans danger. Mais certains peuvent subir des modifications et évoluer en cancer de la peau : on parle alors de mélanome.

Comment enlever un grain de beauté suspect ?

Un grain de beauté suspect présente des signes anormaux pouvant faire évoquer un mélanome (asymétrie, bords irréguliers, non-homogénéité de couleurs, diamètre < 6 mm, évolution… selon la règle ABCDE).

Si vous présentez un nævus suspect, il faut consulter un dermatologue pour obtenir son avis. Celui-ci pourra réaliser un examen clinique de la peau et pratiquer une biopsie du grain de beauté pour prélever des échantillons de tissus et les envoyer en laboratoire d’analyses.

Si les résultats reviennent positifs et que le diagnostic de mélanome est confirmé, le médecin pourra enlever le grain de beauté suspect ainsi qu’une marge de peau saine tout autour dans le cadre d’un geste chirurgical.

Comment savoir si un grain de beauté est dangereux ?

Il n’y a pas de moyen sûr à 100 % de connaître la nature d’un grain de beauté sans biopsie ni avis médical. Cependant, certains signes doivent attirer votre attention et motiver une consultation auprès d’un dermatologue. Les symptômes inhabituels font partie de la règle ABCDE : asymétrie, contours irréguliers, couleur non homogène, grand diamètre, évolution…

Un grain de beauté dangereux peut aussi parfois gratter, faire mal, présenter des ulcérations ou des saignements. Une surveillance régulière est donc très importante pour bien connaître l’anatomie de ses grains de beauté et repérer plus facilement les signes cliniques inhabituels.

Un diagnostic rapide permet de prendre en charge un mélanome à un stade précoce et maximise les chances de guérison. Les traitements peuvent aussi être moins lourds dans ces conditions.

Comment évolue un grain de beauté en cancer ?

Un grain de beauté (ou nævus) peut évoluer en cancer si les cellules pigmentaires qui le composent subissent des mutations génétiques les rendant anormales et incontrôlables.

Ces changements peuvent être dus à des facteurs environnementaux (typiquement, l’exposition aux rayons UV du soleil ou des lampes à bronzer) ou à des facteurs génétiques (antécédents personnels médicaux ou familiaux de cancer de la peau).

Petit à petit, le grain de beauté s’épaissit, sa couleur change et il devient plus irrégulier. Il peut aussi s’ancrer plus profondément dans les couches de la peau et atteindre les vaisseaux sanguins ou lymphatiques, ce qui permet à la maladie de se propager à d’autres zones du corps pour former des métastases.

Article écrit le 22/03/2023, vérifié par l'équipe oncologique du CFRO, Centre Finistérien de Radiothérapie et d'Oncologie
Modifié le 28/08/2023, vérifié par Centre Finistérien de Radiothérapie et d'Oncologie