Polynucléaires neutrophiles bas et risques de cancer
Les polynucléaires neutrophiles, une sous-catégorie des globules blancs, jouent un rôle important dans la défense de l’organisme contre les infections. Lorsqu’une baisse de leur nombre se manifeste, notamment chez les patients traités pour un cancer, les risques de complications augmentent.
Quel est le rôle de ces cellules ? Et quelles sont les implications d’une neutropénie sur la gestion des traitements oncologiques ? Voici quelques éléments de réponse.
Le rôle des polynucléaires neutrophiles dans le système immunitaire
Les polynucléaires neutrophiles, aussi simplement appelés neutrophiles, représentent environ 50 à 70 % des globules blancs. Ils sont les premiers à répondre lors d’une infection, en se déplaçant vers le site infecté pour éliminer les agents pathogènes par un phénomène appelé phagocytose. Ils sont produits dans la moelle osseuse, et leur durée de vie est de quelques heures à quelques jours, ce qui nécessite une production continue.
Les neutrophiles contiennent des granules avec des enzymes et des substances antimicrobiennes pour détruire les agents pathogènes. Ils utilisent également des pièges extracellulaires pour capturer et neutraliser les micro-organismes. En interagissant avec d’autres cellules immunitaires, ils contribuent à réguler ou endiguer l’inflammation, jouant ainsi un rôle clé dans la défense de l’organisme contre les agressions de type infections bactériennes et fongiques.
Qu’est-ce qu’une neutropénie ? (Polynucléaires neutrophiles bas)
La neutropénie est une baisse du nombre de polynucléaires neutrophiles dans le sang. Elle est diagnostiquée lorsque la concentration chute en dessous d’un certain seuil déterminé par microlitre de sang. Les résultats et leur interprétation dépendent de plusieurs critères, comme les autres taux sanguins, l’âge du patient et ses antécédents médicaux, la présence éventuelle de symptômes…
Les causes peuvent inclure des infections virales, des maladies auto-immunes, des maladies congénitales, ou la prise de certains médicaments et traitements chimiques. Chez les patients atteints de cancer, la neutropénie est en effet souvent liée aux traitements de chimiothérapie ou de radiothérapie. Les symptômes peuvent se traduire par l’apparition d’infections plus facilement, des fièvres fréquentes, des ulcérations de la bouche et des gencives, et des infections répétées au niveau des voies respiratoires et urinaires.
La détection précoce permet de prévenir les complications graves. Les infections fréquentes ou sévères, telles que la septicémie, peuvent être mortelles si elles ne sont pas traitées à temps.
La neutropénie chez les patients traités pour un cancer
Chez les patients atteints de cancer, la neutropénie représente un risque majeur, car elle réduit la capacité de l’organisme à lutter contre les infections. Les traitements de chimiothérapie et de radiothérapie peuvent affecter les cellules sanguines et réduire la production de neutrophiles. Les patients traités pour des cancers hématologiques, comme la leucémie, sont particulièrement à risque.
La prise en charge de la neutropénie inclut des mesures préventives et thérapeutiques. Les médecins surveillent régulièrement les taux de neutrophiles par des analyses de sang. L’utilisation de facteurs de croissance des colonies de granulocytes (G-CSF) peut être proposée pour stimuler la production de neutrophiles.
Des antibiotiques prophylactiques peuvent également être prescrits pour prévenir les infections bactériennes. Les patients doivent être informés des signes d’infection et des mesures à prendre pour réduire le risque d’exposition aux agents pathogènes, comme bien se laver les mains, éviter la foule et les personnes malades, et consommer des aliments bien cuits. Les consultations régulières chez le médecin permettent de surveiller l’évolution de la neutropénie et d’ajuster les traitements.
La vaccination contre les infections courantes, comme la grippe, est souvent recommandée. Cependant, certains vaccins vivants atténués (comme le ROR, Rougeole-Oreillons-Rubéole) sont généralement à éviter chez les patients neutropéniques en raison du risque d’infection. Les vaccins inactivés sont préférés et peuvent offrir une protection efficace contre certaines infections.
Quel traitement en cas de polynucléaires neutrophiles bas ?
Le traitement de la neutropénie dépend en grande partie de sa gravité et de sa cause. Dans le contexte des traitements anti-cancer, des ajustements de la posologie de chimiothérapie ou des changements dans le calendrier de traitement peuvent être nécessaires.
Les facteurs de croissance des colonies de granulocytes (G-CSF), administrés par injection, aident à enrayer la neutropénie et à réduire le risque d’infections sévères. Les patients peuvent également recevoir des transfusions de granulocytes dans des cas de neutropénie extrêmement sévère ou résistante aux autres traitements. Pour les neutropénies associées à des maladies auto-immunes, des traitements par cortisone peuvent être nécessaires. Dans les cas de neutropénie chronique ou congénitale, des thérapies à long terme peuvent être envisagées.
Les patients souffrant de neutropénie doivent adopter des mesures préventives strictes pour se protéger contre les infections. L’hygiène personnelle (notamment des mains) est fondamentale, et les patients doivent éviter les personnes malades, les foules et les lieux publics bondés pendant les périodes de neutropénie sévère.
Une bonne hygiène bucco-dentaires est également importante pour prévenir les infections de la bouche. La gestion de la neutropénie fait partie intégrante des soins en oncologie. Grâce à une surveillance attentive, des mesures de prévention et des traitements médicaux appropriés, il est possible de minimiser les risques d’infection et de soutenir les patients dans leur lutte contre le cancer sans les pénaliser.
Article écrit le 18/07/2024, vérifié par l'équipe oncologique du CFRO