Cancer chez les jeunes adultes en augmentation

Pourquoi une augmentation du cancer chez les jeunes ?

79% : c'est l'augmentation du nombre total de cancers chez les personnes âgées de moins de 50 ans dans le monde en l'espace de 30 ans. Cette alerte a été lancée dans le BMJ (British medical journal) en 2023. Le fait est que le cancer se déclare de façon plus fréquente dans la population âgée, il a d'ailleurs souvent pour facteur de risque l'âge. Mais cet article britannique montre que plusieurs cancers apparaissent de plus en plus souvent chez les jeunes et notamment chez les jeunes adultes.

Augmentations du nombre de cancers (étude 2023)

• Le cancer du sein, en 2019, concernait le plus grand nombre de cas de cancer précoce dans la population de moins de 50 ans. Les taux d'incidence du cancer du sein chez les femmes jeunes blanches de moins de 50 ans ont cru de 1.4% par an contre 0,7% chez les femmes de plus de 50 ans entre 2012 et 2021 (American cancer society).

• Les cancers qui se sont développés le plus rapidement dans cette tranche d'âge sont les cancers de la trachée et le cancer de la prostate;

• Les cancers les plus mortels dans cette population ont été les cancers du sein, de la trachée, du poumon, de l'intestin et de l'estomac (en 2019).

💡 Bon à savoir : Les auteurs de cette étude reconnaissent les limites de leurs conclusions, mais plutôt dans le sens d'une sous-déclaration. Ils notent que le dépistage et l'exposition précoce aux facteurs environnementaux "peuvent influencer les tendances observées".

Pourquoi plus de cancers chez les jeunes et jeunes adultes ?

La réponse la plus souvent rencontrée, et c'est une bonne nouvelle, c'est que le diagnostic s'est amélioré au fil des années, et notamment les actions de dépistage. Mais la plupart des scientifiques pointent une augmentation des facteurs de risque. Ainsi, la Fondation pour la recherche médicale, liste les raisons possibles d'une augmentation des pathologies cancéreuses :

• mauvaise alimentation;

• consommation d'alcool et de tabac;

• sédentarité;

• obésité...

La présence accrue de ces facteurs de risque serait en lien avec un accroissement des tumeurs malignes en particulier chez les 40-50 ans. De son côté, le BMJ cite les facteurs génétiques, mais désigne aussi une alimentation riche en viande rouge et en sel, dont les fruits sont souvent exclus, le surpoids et l'hyperglycémie.

Cancer : pourquoi tant de jeunes, enfants, adolescents malades ?

La crainte des équipes médicales ne concerne pas au premier chef le nombre de cas de cancer qui touchent les plus jeunes et les jeunes adultes. Leur nombre reste heureusement "limité", pour Gustave-Roussy. Néanmoins, cette augmentation existe bel et bien et elle n'a pas atteint de plateau. Il faut donc s'attendre à ce qu'elle se poursuive. Une étude de The Lancet public health, révèle que  17 cancers ont progressé régulièrement, en particulier parmi la génération née entre 1965 et 1996. Elle souligne la nécessité de se pencher sur les facteurs de risque. Ces augmentations préoccupantes sont souvent reliées aux modes de vie. La Société américaine du cancer (American cancer society) rappelle que les raisons pour lesquelles les taux augmentent ne sont pas encore claires.

Fardeau croissant

En revanche, beaucoup alertent sur le fardeau croissant du cancer chez les jeunes et la nécessité de leur assurer un accès à une assurance maladie complète. Un article publié dans Lancet oncologie en décembre 24 évalue la charge mondiale du cancer : l'incidence du cancer chez les adolescents et les jeunes adultes est plus élevée dans les pays développés, mais c'est dans les pays moins riches que la mortalité due au cancer dans cette population est la plus importante.

7% des cancers au monde concernent les plus jeunes

L'étude rappelle que le cancer reste néanmoins une maladie liée au vieillissement et que 90% des cas et des décès ont lieu après l'âge de 40 ans. Sur les près de 19 millions de cancers dans le monde, dont plus de 9.5 millions de décès, estimés en 2022, plus de 1 million ont concerné les adolescents et jeunes adultes dont près de 400000 décès, soit près de 7% des cancers et près de 4% des morts (étude dans le Lancet oncologie de décembre 2024).

Evolution du cancer des jeunes : se préparer

L'institut Gustave-Roussy rappelle qu'un cancer découvert à un jeune âge n'a pas les mêmes répercussions que lorsqu'il apparaît à un âge plus avancé. Il y a des impacts en termes "d'années de vie perdues", de vie sociale et au travail ainsi que pour la famille. De nombreux enjeux doivent être pris en compte : comprendre les raisons pour lesquels les cancers des jeunes augmentent, agir sur les facteurs de risque, prévenir leur survenue, développer le dépistage, mettre en place des traitements adaptés...

Dépistages col de l'utérus, sein, côlon, poumons

En termes de dépistage, il existe trois dépistages organisés en France : le dépistage du cancer du sein, le dépistage du cancer du col de l'utérus (col de l'utérus) et le dépistage du cancer colorectal. Malheureusement, les taux de participation sont encore trop faibles ! En outre, une étude a été lancée en janvier 2025 en vue d'une généralisation du dépistage du cancer du poumon. On sait que plus tôt un cancer est détecté, plus il est facilement guérissable. Par ailleurs, le dépistage organisé du cancer du sein et du cancer colorectal sont proposés à partir de 50 ans. Mais un ou une jeune qui présente des facteurs de risque pourra consulter un ou une médecin qui pourra lui proposer une surveillance individualisée.

Comment prédire les cancers ?

Pour Suzette Delaloge, oncologue, lauréate du grand prix de la recherche Ruban rose remis à l'Assemblée nationale, invitée de France inter le 4 février 2025, jour de la Journée mondiale 2025 contre le cancer, "on peut prédire de plus en plus l'arrivée du cancer". Il y a, en effet, 40% des cancers qui sont considérés comme évitables en lien par exemple avec la consommation de tabac. On peut aussi "prédire une situation de risque", poursuit la chercheuse" : cela concerne, en particulier, le cancer du sein, le cancer du poumon, le cancer colorectal. "On travaille beaucoup sur le pancréas, on essaie de développer de plus en plus la détection précoce."  Suzette Delaloge indique ainsi que des tests salivaires sont en train d'être développés, même si, pour l'instant, ils ne remplacent pas les techniques actuelles, comme la mammographie.

Y-a-t-il plus de cancers qu'avant ?

La chercheuse confirme enfin l'augmentation des cas de cancers chez les plus jeunes ces dernières années, mais "pas de façon énorme", rassure-t-elle. "Nous sommes en train de travailler à identifier cette augmentation et à réfléchir à détecter les situations à risque chez les plus jeunes. L'idée serait d'identifier dans la population qui est le plus à risque de développer un cancer dans les 5 à 10 ans qui viennent". Dans le cas du tabac, c'est évident, il y a aussi les antécédents familiaux et certains paramètres biologiques. Son programme de recherche "démontre qu'on est capables d'identifier en population générale les personnes les plus à risque, il faut cibler ces personnes en particulier dans les campagnes publiques et développer la prévention personnalisée. On pourrait ainsi diminuer l'incidence des cancers graves et de la mortalité. On n'est pas encore capables d'identifier encore toutes les personnes à risque, il y a beaucoup de travaux en cours avec de l'intelligence artificielle, de l'analyse d'images, du développement de biomarqueurs, de biologie, pour parvenir à nos fins. Aujourd'hui on s'appuie beaucoup sur la génétique pour prévenir les cancers chez les personnes jeunes".

Cet article médical a été relu et validé par un  médecin spécialiste en oncologie au sein d’un établissement ELSAN, groupe leader de l’hospitalisation privée en France. Il a un but uniquement informatif et ne se substitue en aucun cas à l’avis de votre médecin, seul habilité à poser un diagnostic.

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