Existe-t-il un lien entre cancer et tatouage ?

Tatouage et risque accru de lymphome selon une étude suédoise

Selon une étude suédoise publiée dans la revue The Lancet, en juin 2024, les encres utilisées pour les tatouages contiennent "souvent" des substances chimiques dites cancérigènes. D'autres sources estimant que ces substances sont encore seulement "potentiellement" cancérigènes. Cette étude souligne que des dépôts de pigments ont été retrouvés dans les ganglions lymphatiques. Selon elle, il existe un risque accru de lymphome malin - de 21% - notamment chez les personnes ayant eu un tatouage récent (moins de deux ans) et chez celles ayant eu un tatouage ancien (au-delà de 11 ans). Mais pour les auteurs de cette étude, il convient néanmoins d'établir le lien de causalité de toute urgence. Toute conclusion hâtive ne peut donc être affirmée.

Lien de causalité cancérigène à établir

Selon la Revue du praticien, les effets cancérigènes des tatouages ne sont pas encore éclaircis. Elle mentionne seulement le risque de développement d'une tumeur de la peau, appelée kérato-acanthome. Elle souligne aussi qu'un tatouage peut être réalisé de façon accidentelle sur une lésion déjà existante et masquer un problème déjà présent.

Echantillon important

L'étude suédoise présente l'intérêt d'avoir été conduite sur un échantillon de population important (près de 12000 personnes). Elle montre aussi qu'apparemment, la taille du tatouage n'influe pas sur le sur-risque découvert. Elle souligne la perturbation immunitaire provoquée par les produits chimiques utilisés.

La question des pigments de couleur

Fin 2020, l'Union européenne avait interdit plusieurs encres de couleur déclarées toxiques ou cancérogènes (cela concernait 27 pigments). Beaucoup conseillent à ceux et celles qui le souhaitent de préférer un tatouage noir et d'éviter les couleurs. Sur le site de l'agence européenne des produits chimiques (ECHA), il est précisé que des produits chimiques dangereux présents dans les encres de tatouage et le maquillage permanent ont été restreints en vertu du règlement REACH depuis le début 2022. Cette décision vise les substances chimiques qui provoquent des cancers ou des mutations génétiques, les substances chimiques toxiques pour la reproduction ainsi que produits sensibilisants et irritants pour la peau. L’objectif étant de "rendre plus sûres les couleurs utilisées dans les tatouages et le maquillage permanent".

Qu'est-ce qu'un lymphome ?

Un lymphome est un cancer qui se développe au niveau du système lymphatique qui est partie intégrante du système immunitaire (il comporte notamment des ganglions, la moelle osseuse, la rate...). Il s'agit d'un cancer du sang.

Quels sont les risques du tatouage ?

Selon le gouvernement français, les produits de tatouage ne doivent pas contenir de para-phénylénediamine considéré comme un produit toxique et allergène pour la peau. Entrant dans la composition du henné noir (tatouage temporaire), il est formellement déconseillé. Les autorités sanitaires mettent en garde aussi contre les risques sanitaires liés au tatouage : infection bactérienne ou virale (hépatite B ou C). Les contaminations peuvent se faire par le biais du matériel utilisé ou de l'encre. Il est conseillé de consulter en cas de symptômes : démangeaisons, inflammation, réaction allergique...

Prudence et qualifications

L'Etat rappelle qu'un tatoueur doit disposer d'une déclaration d'activité délivrée par une agence régionale de santé (ARS). Les professionnels sont tenus d'avoir obtenu la formation hygiène et salubrité exigée par le Code de santé publique et doivent prouver qu'ils ont une qualification en hygiène hospitalière. Les mineurs doivent être munis d'une autorisation de leur représentants légaux.

Risques et dangers pour la santé : allergie

Pour sa part, la Sécurité sociale liste comme principale complication liée au tatouage l'allergie. Elle précise que le développement de cancers (mélanomes, carcinomes...)  en lien avec l'utilisation de produits "potentiellement cancérigènes" dans les encres reste à l'étude. 

Le "lien de causalité" n'est pas encore démontré.

Demander conseil à son ou sa médecin !

Pour les autorités sanitaires, il convient d'interroger son ou sa médecin lorsque l'on est atteint de certaines pathologies, car le risque de complications est plus important : diabète, insuffisance rénale, pathologie des valves cardiaques, immunodépression, problème de coagulation, terrain allergique aux encres, pigments, métaux, latex, maladies cutanées (en particulier acné, lupus, dermatite atopique, psoriasis, lupus cutané, lichen plan, sacoïdose, vitiligo...). En outre, la pratique du tatouage n'est pas conseillée aux femmes enceintes ou qui allaitent, les personnes séropositives au VIH, au VHC ou VHB (à défaut il est recommandé d'être vaccinée contre le virus de l'hépatite B), ni aux personnes qui présentent des grains de beauté qui doivent être régulièrement surveillés comme les nævus.

Où ne surtout pas se faire tatouer ?

Sur le plan médical, il convient d'éviter les zones de la peau lésée ou comportant un grain de beauté. En cas de doute, il est important de prendre conseil auprès de son ou sa médecin traitant.

Les tatouages provoquent-ils un mélanome ?

A ce stade, il n'y a pas de preuve de causalité démontrée entre la réalisation d'un tatouage et la survenue de cancer, en particulier de mélanome. Une étude suédoise a conclu, mi 2024, à un sur-risque de 21% de survenue de lymphome.

Est-ce que l’encre d’un tatouage passe dans le sang ?

On sait que le geste qui consiste à tatouer la peau mobilise l'immunité, comme lorsqu'on se pique par exemple. Une réaction est toujours possible. On sait aussi que le corps réagit d'une autre manière. Ainsi les pigments injectés durant le tatouage peuvent se retrouver dans les ganglions sans qu'a priori cela ne provoque de problème sauf dans l'étude publiée par une équipe suédoise qui démontre un sur-risque de lymphome.

Scanner : résultat faussé

Il arrive aussi qu'une personne qui passe un scanner se retrouve avec un mauvais résultat car l'encre présente dans les ganglions a été confondue avec une tumeur.

Cet article médical a été relu et validé par un médecin spécialiste en dermatologie au sein d’un établissement ELSAN, groupe leader de l’hospitalisation privée en France. Il a un but uniquement informatif et ne se substitue en aucun cas à l’avis de votre médecin, seul habilité à poser un diagnostic.

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