L’augmentation de l’acide urique après une chimiothérapie ou une radiothérapie est un phénomène courant. Les patients oncologiques ayant bénéficié de ces traitements doivent donc être particulièrement attentifs aux symptômes, car un taux élevé d’acide urique peut compliquer leur prise en charge et leur rétablissement. 

Voici ce qu’il faut connaître.

Augmentation de l’acide urique après chimiothérapie ou radiothérapie

Acide urique : définition et rôle

L’acide urique est un produit de dégradation des purines, des substances présentes naturellement dans notre corps et dans certains aliments. Normalement, il est dissous dans le sang, filtré par les reins et éliminé avec l’urine. Cependant, une accumulation excessive peut entraîner divers problèmes de santé. 

L’acide urique joue un rôle physiologique important, notamment dans le métabolisme des nucléotides, qui sont les éléments constitutifs de l’ADN et de l’ARN. En outre, il agit comme un antioxydant dans le plasma sanguin, contribuant ainsi à la protection des cellules contre les dommages oxydatifs. Mais un excès d’acide urique dans le sang, ou hyperuricémie, peut être problématique. 

Il peut se cristalliser et former des dépôts dans les articulations et les tissus, provoquant des douleurs et des inflammations. Cela peut aussi conduire à des calculs rénaux et à d’autres complications rénales. Par ailleurs, un taux élevé d’acide urique est souvent associé à des maladies telles que la goutte, une forme d’arthrite inflammatoire très douloureuse.

Les causes d’un acide urique élevé chez les patients traités pour un cancer

Diverses raisons peuvent expliquer l’augmentation de l’acide urique.

Radiothérapie et acide urique élevé

La radiothérapie, utilisée pour traiter certains types de cancers, peut provoquer une augmentation de l’acide urique dans le sang. Ce phénomène est souvent lié au syndrome de lyse tumorale, une complication fréquente lors du traitement de cancers agressifs. 

Lorsqu’une tumeur est détruite par la radiothérapie, ses cellules se décomposent rapidement, libérant de grandes quantités de purines qui se transforment en acide urique. Cette accumulation rapide peut surcharger les capacités d’élimination des reins et conduire à une hyperuricémie. 

Les patients traités par radiothérapie doivent donc être surveillés régulièrement pour détecter toute augmentation significative de leur taux d’acide urique et prévenir les complications associées.

Chimiothérapie et acide urique élevé

De même, la chimiothérapie, en particulier pour les cancers hématologiques tels que la leucémie et le lymphome, peut entraîner une élévation de l’acide urique. Comme avec la radiothérapie, la destruction massive des cellules tumorales libère une grande quantité de purines dans le sang. 

Ces purines sont ensuite métabolisées en acide urique, augmentant le risque d’hyperuricémie et de complications rénales. Les effets secondaires de la chimiothérapie causés par certains médicaments cytotoxiques peuvent également affecter directement les fonctions rénales, ce qui réduit la capacité des reins à éliminer efficacement l’acide urique. 

Par conséquent, il est indispensable d’évaluer régulièrement les taux d’acide urique chez les patients sous chimiothérapie et de prendre des mesures préventives appropriées.

Les autres facteurs

D’autres facteurs peuvent contribuer à l’élévation de l’acide urique chez ces patients, notamment une alimentation riche en purines, une hydratation insuffisante et certains traitements médicamenteux. Une bonne gestion de ces facteurs peut aider à réduire les risques et à améliorer la qualité de vie des patients.

Symptômes liés à l’acide urique élevé

Un taux élevé d’acide urique dans le sang peut provoquer divers symptômes, certains étant plus graves que d’autres. Parmi les manifestations les plus courantes, on trouve la goutte, caractérisée par des douleurs articulaires intenses, souvent au niveau du gros orteil. Les crises de goutte sont généralement soudaines et peuvent être très invalidantes. 

Les patients peuvent également présenter des symptômes rénaux, tels que des calculs rénaux, qui se manifestent par des douleurs abdominales, des difficultés à uriner et du sang dans les urines. Une hyperuricémie prolongée peut endommager les reins, entraînant une insuffisance rénale chronique. 

Des signes plus généraux d’hyperuricémie incluent des douleurs et des raideurs articulaires, une inflammation et une rougeur des articulations, ainsi que des symptômes systémiques comme la fatigue, la fièvre et une sensation de malaise général. Ces symptômes peuvent fortement affecter la qualité de vie et nécessitent une prise en charge médicale rapide pour les soulager.

Comment faire baisser un taux élevé d’acide urique ?

Il existe plusieurs méthodes capables de faire diminuer un taux d’uricémie trop élevé et retrouver des taux d’acide urique sanguin ou urinaire normaux.

Alimentation et activité physique

L’un des moyens efficaces pour réduire un taux élevé d’acide urique est d’ajuster son alimentation. Éviter les aliments riches en purines, tels que les abats, les fruits de mer, les viandes rouges et certains types de poissons, peut aider à diminuer la production d’acide urique. 

Privilégier une alimentation riche en fruits, légumes, produits laitiers faibles en gras et céréales complètes peut également être bénéfique. Par ailleurs, il est recommandé de boire au moins 2 à 3 litres d’eau par jour, sauf avis contraire de votre médecin. Les boissons alcoolisées, en particulier la bière et les spiritueux, doivent être évitées, car elles peuvent augmenter les niveaux d’acide urique. 

L’exercice régulier peut aider à maintenir un poids santé, ce qui est important, car l’obésité est un facteur de risque de l’hyperuricémie. Une activité physique modérée, telle que la marche, la natation ou le vélo, peut être bénéfique. Cependant, il est important de consulter son médecin avant de commencer tout nouveau programme d’exercice, surtout pendant le traitement du cancer.

Médicaments

Dans certains cas, des médicaments peuvent être prescrits pour réduire l’acide urique. Les réducteurs de synthèse d’acides nucléiques, tels que l’allopurinol, diminuent la production d’acide urique. Les inhibiteurs de réabsorption rénale de l’acide urique, comme la benzbromarone, augmentent l’excrétion d’acide urique par les reins. 

Des traitements enzymatiques, comme le rasburicase, sont parfois utilisés en cas de syndrome de lyse tumorale. Pour les crises de goutte, des anti-inflammatoires peuvent être nécessaires pour réduire la douleur et l’inflammation. 

Suivi régulier 

Des analyses de sang fréquentes permettent de surveiller les niveaux d’acide urique et de détecter rapidement toute augmentation. Des ajustements de traitement peuvent être nécessaires en fonction des résultats.

Article écrit le 16/09/2024, vérifié par l'équipe oncologie des Dentellières