Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquemment rencontré chez les hommes en France. Malgré sa forte incidence, il n’existe pas de campagne de dépistage organisée à l'échelle nationale visant à le détecter précocement au sein de la population.

Toutefois, le cancer de la prostate peut faire l’objet d’un dépistage individuel, c’est-à-dire d’une stratégie de surveillance établie au cas par cas en fonction du niveau de risque de chaque patient. En effet, certains hommes présentent des facteurs de risque qui peuvent les prédisposer à développer cette maladie. Ils peuvent alors tirer un certain bénéfice d’un dépistage adapté à leur profil.

Le cancer de la prostate, qu’est-ce que c’est ?

Le cancer de la prostate est une tumeur maligne qui se développe à partir de cellules de l’organe prostatique. C’est souvent un adénocarcinome, qui touche préférentiellement les personnes âgées et se développe lentement. À l’heure actuelle, il n’existe pas de campagne de dépistage organisée du cancer de la prostate en France, c’est-à-dire d’opération de dépistage globale, à l’échelle de toute la population.

Le dépistage est un acte médical préventif qui vise à rechercher régulièrement (tous les ans ou tous les deux ans) des traces de cancer chez des personnes en apparence saines, ne présentant pas de symptômes de la maladie. L’objectif du dépistage est de détecter un éventuel cancer précocement, avant qu’il ne provoque des symptômes. Pour cause, de nombreux cancers sont plus faciles à soigner et moins susceptibles de récidiver quand ils sont pris en charge précocement.

Dans le cas précis du cancer de la prostate, qui se distingue par son évolution lente et sa faible agressivité, une prise en charge précoce ne semble pas avoir d’incidence sur le taux de mortalité, et l'intérêt d'une opération de dépistage de masse est donc discutable. Il faut, en effet, mettre en balance les bénéfices d’une prise en charge précoce avec les effets psychologiques et physiques, parfois très lourds, des traitements contre le cancer. Pour l’heure, le cancer de la prostate n’est pas systématiquement dépisté parce qu'il atteint rarement un stade problématique pour la santé du patient et ne nécessite donc pas toujours d’être traité, d’autant que les traitements disponibles peuvent provoquer de lourdes séquelles.

En revanche, depuis 2011, la généralisation du dépistage du cancer de la prostate au sein de la population d’hommes considérés comme à haut risque est régulièrement mise sur la table par les spécialistes. Pour statuer sur l’intérêt de ce dépistage, la Haute Autorité de Santé (HAS) doit encore se prononcer sur l’identification des facteurs de « haut risque » du cancer de la prostate et statuer sur le réel bénéfice d’une prise en charge précoce de la maladie chez les hommes à haut risque.

Cancer de la prostate : qui sont les hommes à risque ?

Il est encore délicat d’identifier les facteurs de risque du cancer de la prostate chez l’homme, les causes de cette pathologie n’étant pas entièrement élucidées. On estime toutefois que les antécédents familiaux au premier degré constituent un facteur de risque avéré du cancer de la prostate.

Le risque pourrait être multiplié par 2 à 5, notamment si plusieurs parents ont été atteints d’un cancer de la prostate. De fait, il pourrait exister une origine génétique au cancer de la prostate, bien que les potentiels gènes en cause, ainsi que leurs mécanismes de transmission et d’expression, ne se soient pas identifiés. Le cancer de la prostate connaît également une incidence plus élevée chez les populations américaines et britanniques d’origine africaine. Le risque de développer un cancer de la prostate au sein de cette population serait multiplié par 2 à 3.

Toutefois, il n’est pas exclu que ce facteur de risque soit d’ordre socio-économique plutôt que strictement ethnique. Enfin, l’exposition à certains facteurs de risques environnementaux doit également être considérée. Certains composés chimiques, et notamment les pesticides, pourraient favoriser l’apparition de cancer de la prostate, sans que cela ne soit encore formellement démontré.

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Cancer de la prostate : quelle évolution chez les hommes à risque ?

Il n’a pas été prouvé que les hommes à risque, ni même à « haut risque », soient plus enclins à développer des formes plus sévères, ou plus agressives, de cancer de la prostate. Le cancer de la prostate se distingue de la plupart des tumeurs malignes par son évolution lente qui lui confère un très bon pronostic, et cela semble demeurer vrai chez les hommes à haut risque.

Toutefois, les connaissances de la science sont encore limitées sur le sujet et pourraient évoluer dans les années à venir, au rythme des progrès de la médecine oncologique et de l’oncogénétique.

Doit-on dépister le cancer de la prostate chez les hommes à risque ?

Aujourd’hui, la Haute Autorité de Santé (HAS) ne recommande pas de faire dépister le cancer de la prostate chez les hommes à risque, mais cette décision demeure un choix personnel.

Pour cause, il n’est pas démontré qu’une prise en charge précoce ait une incidence sur la mortalité ou sur le pronostic de la maladie. Aussi, dépister précocement un cancer de la prostate risque de s’avérer inutilement anxiogène, et pourrait motiver le patient à demander des traitements lourds, difficiles à supporter et occasionnant des séquelles physiques importantes, alors que le cancer n’aurait jamais atteint de stade critique.

Les différentes thérapies utilisées pour traiter le cancer de la prostate (chirurgie, radiothérapie, hormonothérapie, voire chimiothérapie) peuvent, en effet, engendrer de multiples effets secondaires invalidants (incontinence, troubles érectiles, troubles urinaires, etc.). Le dépistage du cancer de la prostate est une décision personnelle, qui mérite d’être éclairée par un dialogue avec une équipe médicale compétente sur le sujet.

De fait, si les hommes à risque et à « haut risque » ont potentiellement plus de risques de développer un jour un cancer de la prostate, il semblerait qu'ils n’aient pas pour autant plus de risques d’en mourir, ni même d’en souffrir physiquement.

Article écrit le 22/03/2023, vérifié par l'équipe oncologie des Dentellières, Centre de cancérologie Les Dentellières