Le cancer de la langue est relativement fréquent en France. Il touche majoritairement les hommes, avec une incidence de 1 800 nouveaux cas masculins chaque année, contre 200 nouveaux cas féminins annuels.

Souvent détecté à un stade précoce de son évolution, il offre un bon pronostic. Les alternatives thérapeutiques envisageables et les chances de guérison durable sont toutefois dépendantes de la nature, du stade et du grade de chaque cancer.

Généralement, la prise en charge d’un cancer de la langue implique un traitement par radiothérapie, chimiothérapie et chirurgie.

Le cancer de la langue

Le cancer de la langue est une tumeur cancéreuse buccale maligne. Le plus souvent, il s’agit d’un carcinome épidermoïde.

On distingue deux types de cancers de la langue : le carcinome qui atteint la partie antérieure de la langue, et celui qui touche la base de langue.

Ce dernier est habituellement considéré comme un cancer de la tête et du cou, aussi appelé cancer de la sphère ORL.

Quel que soit son site de développement, le cancer de la langue est une tumeur envahissante amenée à pouvant se métastaser avec le temps. Ses métastases touchent généralement les poumons, le foie et les os.

 Le tabagisme et la consommation d’alcool sont des facteurs de risques connus, qui expliquent l’actuelle disparité des cas de cancers de la langue entre les hommes et les femmes.

Cependant, l’évolution des mœurs, qui implique l’accroissement du tabagisme et de la consommation d’alcool chez les femmes, devrait gommer ces disparités dans le futur.

Des études suspectent également une corrélation entre la survenue de cette maladie et l’infection au papillomavirus humain, notamment chez la femme.

anatomie cancer langue

Les symptômes du cancer de la langue

Le cancer de la langue est une pathologie qui affecte les cellules de la langue, généralement en dessous ou sur les côtés. Lorsque le cancer est à un stade précoce, il est possible qu’il n’entraîne aucun symptôme ou signe clinique visible ou perceptible par le patient.

Cette particularité peut dans certains cas retarder le diagnostic et favoriser la progression de la maladie. Lorsque la maladie évolue, elle peut entraîner des signes cliniques plus ou moins gênants, en fonction du stade du cancer et des personnes. Parmi les signes cliniques les plus courants, on retrouve :

  • Une leucoplasie : apparition d’une plaque blanchâtre plus ou moins granuleuse au niveau de la muqueuse de la langue, généralement sans entraîner de douleur particulière. Cette anomalie peut être bénigne, mais peut aussi être précancéreuse, impliquant alors une surveillance rapprochée.
  • Une ulcération : apparition d’une plaie inhabituelle qui ne cicatrise pas, et qui peut saigner facilement au contact. Cette ulcération est parfois accompagnée d’un bourgeon dans son contour. Elle peut être source de douleurs ou de gêne à la mobilité de la langue (on parle aussi d’ankyloglossie). L’ulcération peut infiltrer les tissus voisins.
  • Une douleur habituellement localisée à l’organe, elle peut toutefois avoir tendance à irradier vers l’oreille (on parle aussi d’otalgie unilatérale). Cette douleur peut s’accompagner d’une réduction de la sensibilité de la langue et être exacerbée avec la consommation d’alcool ou de plats épicés.
  • Une gêne fonctionnelle pouvant affecter la mastication, la parole (dysphonie) la déglutition (dysphagie), la salivation (hypersalivation) et entraîner une sécheresse de la bouche (xérostomie).
  • L’apparition d’un ganglion sous la mâchoire ou sous le menton, signe d’une infection ou d’un envahissement du cancer de la langue aux ganglions lymphatiques cervicaux.
  • Plus généralement, une altération de l’état général avec une fatigue importante, une perte d’appétit, une perte de poids, de la fièvre…

Si ces symptômes persistent, il est important de consulter rapidement son médecin pour envisager de réaliser des examens complémentaires d’imagerie médicale afin de poser un diagnostic précis et commencer la prise en charge thérapeutique le plus rapidement possible.

Par ailleurs, un examen buccal régulier auprès de son dentiste ou de son médecin traitant est vivement conseillé pour repérer au plus tôt de possibles anomalies de la langue ou d’autres structures de la cavité buccale non visibles au quotidien.

Adopter une bonne hygiène bucco-dentaire est également indispensable, tout comme l’arrêt du tabac et de l’alcool, pour diminuer les risques de voir apparaître cette pathologie.

Diagnostic du cancer de la langue

Le diagnostic du cancer de la langue débute habituellement par une consultation motivée par une douleur buccale, une plaie linguale qui ne cicatrise pas (ulcère), un bouton ou une masse anormale sur la langue, des difficultés d’élocution et/ou de déglutition, ou encore une hypersalivation.

Le praticien procède en premier lieu à un examen clinique, généralement en s’aidant d’un miroir à manche long, et à un questionnaire permettant d’évaluer les symptômes et le niveau de risque du patient.

Lorsqu’une dysplasie (anomalie de développement) est décelée au cours de l’examen, des analyses complémentaires, telles que la biopsie, sont nécessaires pour en déterminer le caractère bénin ou malin.

Si la biopsie révèle un caractère cancéreux ou précancéreux, l’équipe médicale proposera un protocole de traitement personnalisé, adapté à chaque lésion et à chaque patient.

Traitement du cancer de la langue

Le traitement du cancer de la langue fait appel aux armes thérapeutiques traditionnelles de la lutte contre le cancer : la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie.

Des traitements ciblés peuvent compléter la prise en charge de la maladie, ainsi que certaines thérapies innovantes proposées au cours d’essais cliniques.

La chirurgie est le traitement de référence de la plupart des cancers de la langue. Selon le stade d’évolution de la maladie, l’intervention chirurgicale peut consister en l’exérèse de la tumeur seule ou en l’ablation totale ou partielle de la langue (glossectomie).

Habituellement, une radiothérapie associée à une chimiothérapie (radio-chimiothérapie) vient compléter le traitement afin d’éliminer les dernières cellules cancéreuses qui n’auraient pas été atteintes lors de la chirurgie.

Dans ce cadre, la radiothérapie et la chimiothérapie ont une portée préventive et permettent essentiellement de réduire le risque de récidive. On parle de traitement adjuvant.

Radiothérapie du cancer de la langue

La radiothérapie est couramment utilisée dans la prise en charge du cancer de la langue. Elle consiste en l’irradiation de la tumeur cancéreuse à l’aide de rayons ionisants à haute énergie.

Ces rayons ionisants détruisent l’ADN des cellules cancéreuses, ce qui les empêche de se répliquer et de se réparer. À terme, la tumeur rétrécit ou disparaît complètement.

Il existe différentes techniques de radiothérapie pouvant s’appliquer au cancer de la langue. On distingue notamment la radiothérapie externe de la radiothérapie interne.

Chacune de ces techniques de radiothérapie peut intervenir à différentes étapes de la prise en charge du cancer et adopter une portée curative ou palliative.

La radiothérapie externe consiste à irradier la tumeur cancéreuse depuis l’extérieur de l’organisme. Les techniques actuelles, toujours plus précises, permettent d’administrer des doses élevées de rayonnement très ciblées pour une plus grande efficacité, tout en épargnant un maximum de tissus sains.

La radiothérapie interne, ou curiethérapie, consiste à irradier la tumeur de l’intérieur en insérant une source de rayons ionisants au contact ou à l’intérieur de cette dernière.

La radiothérapie peut intervenir seule, en guise de traitement principal. Dans ce cas, elle est habituellement privilégiée lorsque la chirurgie n’est pas envisagée, ou pour réduire les symptômes d’un cancer de la langue à un stade avancé, dans une optique palliative.

Le recours aux irradiations peut également intervenir en amont d’une chirurgie pour réduire la taille de la tumeur et faciliter son exérèse (radiothérapie néoadjuvante), ou après une chirurgie pour réduire les risques de récidive (radiothérapie adjuvante).

Quel que soit le stade d’évolution d’un cancer de la langue, une radiothérapie est presque toujours systématiquement proposée pour le traiter, habituellement en association avec une chirurgie et une chimiothérapie.

Ces trois armes thérapeutiques offrent souvent des résultats très satisfaisants, qui contribuent hautement à faire du cancer de la langue une maladie à bon pronostic. De fait, son taux de survie à 5 ans est d'environ 78% lorsqu’il est diagnostiqué à un stade précoce.