Syphilis

La syphilis est une infection bactérienne sexuellement transmissible (IST) hautement contagieuse due à une une bactérie de la famille des spirochètes nommée Treponema pallidum, ou tréponème pâle. L'infection est classée parmi les tréponématoses, mais elle se distingue en étant la seule transmissible par voie sexuelle. La maladie est entièrement curable avec des antibiotiques appropriés mais peut elle évoluer vers des stades avancés en l'absence de traitement, et entraîner des dommages neurologiques, cardiaques, et d'autres complications graves. Elle touche principalement les populations homosexuelles masculines (environ 80% des cas). L'utilisation de préservatifs ou de digue dentaire permet de limiter les risques d'infection.

La syphilis se propage par des contacts sexuels ou pendant la grossesse et l'accouchement.

L'infection par le tréponème pâle ne confère pas d'immunité : une personne peut être réinfectée après un traitement complet et développer à nouveau la syphilis.

Contamination par voies sexuelles

La transmission de la syphilis est grandement facilitée lors de contacts intimes non protégés avec un individu déjà infecté. Cette transmission peut se produire lors de différentes pratiques sexuelles (pratique anale, vaginale et oro-génitale)

Le tréponème étant incapable de survivre à l'air libre, la contamination ne peut avoir lieu que par contact direct avec :

• une ulcération isolée appelée chancre, qui est un symptôme caractéristique de la syphilis primaire
• des lésions de la peau ou muqueuses écorchées superficiellement (muqueuses excoriées) présentes en cas de syphilis secondaire.

 ✍️ La première année d'évolution de la maladie est considérée comme la plus contagieuse, car les tréponèmes sont présents au niveau des chancre et lésions de la peau : on parle de période précoce. 

Transmission de la syphilis lors de la grossesse : un cas de figure rare en France

La syphilis congénitale reste rare en France, principalement en raison des programmes de dépistage systématique de la syphilis chez les femmes enceintes. Toutefois, si une mère est atteint de syphilis et que cette infection demeure non traitée, elle court le risque de transmettre la maladie à son enfant à naître. Le passage des bactéries syphilitiques à travers le placenta peut survenir dès la 11ème semaine d'aménorrhée et est considéré comme certain à partir de la 16ème semaine, persistant tout au long de la période gestationnelle. La transmission de la syphilis peut également se produire lors de l'accouchement, par contact avec les sécrétions maternelles infectées.

💡Le risque de transmission de la maladie de la mère vers l'enfant est d'environ 70% en cas de syphilis précoce. Ce risque diminue grandement si la syphilis et tardive, chutant à 10%.

Chez les personnes malades non traitées, la progression de la syphilis est caractérisée par une succession de stades cliniques dans le temps. L'évolution de la maladie peut être classée en deux grandes phases :

• Une première phase appelée syphilis précoce, qui englobe les premier stade de la maladie (syphilis primaire) et le deuxième stade (syphilis secondaire).
• Des périodes de latence, entre les stades de syphilis primaire et secondaire, durant lesquelles aucun symptôme n'est perceptible. Ces moments correspondent à des phases où la sérologie syphilitique est positive, bien que la personne ne ressente aucun symptôme : c'est ce que l'on appelle la syphilis sérologique précoce.
• Une seconde phase dite tardive (syphilis tardive) après un an d'évolution de la maladie, qui correspond à une syphilis tertiaire ou une syphilis sérologique tardive. Cette forme évoluée de syphilis est seulement détectable par une prise de sang.

Les symptômes de la syphilis varient selon le stade d'évolution de la maladie.

Le chancre syphilitique, symptômes caractéristique de la syphilis primaire

La syphilis est une infection sexuellement transmissible dont la période d'incubation, soit le temps entre l'exposition à la bactérie et l'apparition des premiers symptômes, varie de 10 à 90 jours pour le stade primaire. Durant ce stade, l'infection se manifeste par l'apparition d'un chancre syphilitique, aussi appelé ulcération syphilitique. Cette lésion caractéristique généralement unique mesure entre 5 et 15 mm de diamètre et présente une consistance ferme à la palpation, ce qui est évocateur de la syphilis primaire

Le chancre est superficiel, propre avec un fond rosé, et contrairement aux lésions herpétiques, il est indolore. C'est une source majeure de contagion car il contient une grande quantité de tréponèmes, les bactéries responsables de la maladie. Ce chancre guérit spontanément en 2 à 6 semaines sans laisser de cicatrice et s'accompagne souvent d'un gonflement des ganglions lymphatiques à proximité.

Chez l'homme, le chancre apparaît le plus souvent sur le gland, sur la zone reliant le gland au reste de la verge, ou plus rarement sur le fourreau de la verge. Chez la femme, il est généralement situé sur les grandes ou petites lèvres de la vulve, mais le diagnostic peut être retardé si l'ulcération se trouve à l'intérieur du vagin ou sur le col de l'utérus, en raison de son caractère indolore. Indépendamment du sexe, le chancre peut également se développer dans le rectum, la bouche ou la gorge.

Syphilis secondaire : éruptions cutanées et lésions

La syphilis secondaire apparaît environ 6 à 16 semaines après l'infection initiale si la syphilis primaire n'est pas traitée. Cette phase peut durer moins d'un an et se caractérise par une propagation du tréponème dans l'ensemble du corps, alternant entre éruptions cutanées et périodes asymptomatiques. Les symptômes incluent des éruptions sur la peau et les muqueuses, qui sont hautement contagieuses.

Les éruptions peuvent varier en apparence, comprenant:

• Une roséole syphilitique, avec de petites taches roses sur le tronc, disparaissant en moins de 10 jours.
• Des syphilides papuleuses, qui sont des élévations en relief de couleur cuivrée sur le visage, les membres, le tronc, les plantes des pieds, les paumes des mains et les organes génitaux. Ces lésions sont contagieuses, surtout lorsqu'elles sont ulcérées et ne provoquent pas de démangeaisons.

D'autres lésions peuvent imiter l'acné, la dermatite séborrhéique, ou se manifester par une alopécie en plaques et des perlèches aux commissures des lèvres, rendant le diagnostic difficile.

En plus des lésions cutanées, la syphilis secondaire peut s'accompagner de symptômes généraux tels que la fièvre, la fatigue, les douleurs articulaires et musculaires. Elle peut également se compliquer avec l'apparition d'une méningite.

Syphilis précoce : asymptomatique mais bien présente

Des phases asymptomatiques sont observées durant la première année de la maladie, en alternance avec l'apparition des lésions. La durée de ces phases asymptomatiques peut varier, allant de quelques semaines à quelques mois : on parle alors de syphilis sérologique précoce. 

Seule une prise de sang avec recherche d'anticorps permet de dépister la maladie en l'absence de symptômes, confirmant ainsi la présence de la bactérie dans l'organisme.

En l'absence de diagnostic et de traitement la première année, la syphilis entre en phase de latence, qui correspond à une évolution asymptomatique et invisible de la maladie. Les lésions cutanées et éruptions caractéristiques de la syphilis secondaires se résorbent et disparaissent totalement, laissant penser à une guérison. Cette phase de latence peut durer plusieurs années et conduit au dernier stade de la maladie : la syphilis tardive.

Syphilis tardive : dernier stade d'évolution de l'infection

Il existe deux types de syphilis tardive : la syphilis tertiaire et la syphilis sérologique tardive.

Syphilis tertiaire 

La syphilis tertiaire est extrêmement rare dans notre société moderne, du fait des progrès des techniques de dépistage de la maladie.

La syphilis tertiaire est caractérisée par un type de lésions irréversibles appelées gommes syphilitiques. Ces lésions peuvent être localisées sur la peau ou les muqueuse (syphilis tardive cutanée bénigne), mais peuvent également se développer à l'intérieur de l'organisme (cœur, os, appareil digestif, reins) ou au niveau du système nerveux  : on parle alors de neurosyphilis.

Syphilis sérologique tardive

La syphilis sérologique tardive est une forme de syphilis pour laquelle la personne infectée présente des résultats de tests sanguins positifs pour la syphilis, mais ne montre aucun symptôme clinique de la maladie. Cette forme de syphilis est fréquente dans les stades avancés de l'infection, où la syphilis est entrée dans sa phase de latence tardive. Cette phase peut survenir après que les symptômes des stades primaire, secondaire et même tertiaire de la syphilis se sont résolus ou n'ont jamais été apparents.

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Les méthodes de diagnostic de la syphilis diffèrent légèrement selon le stade de la maladie.

Syphilis primaire

La syphilis primaire est généralement diagnostiquée suite à l'apparition du chancre syphilitique. Le médecin procède à un prélèvement au niveau du chancre (zone ulcérée), puis à la recherche de la bactérie tréponème via un test PCR (Polymerase Chain Reaction) qui confirmera la présence des antigènes viraux de la syphilis.

Syphilis secondaire et tertiaire

Dans le cas de la syphilis secondaire, les prélèvements sont réalisés au niveau des syphilides cutanées ou muqueuses excoriées caractéristiques du stade de la maladie.

D'autres examens peuvent être réalisés (ponction lombaire, IRM, bilan ophtalmologique) suivant la localisation des lésions irréversibles associées à la syphilis tardive.

De manière générale, et indépendamment du stade de la maladie, le diagnostic de la syphilis est posé en associant un examen clinique à des bilans sérologiques ciblés.

Le traitement de la syphilis repose principalement sur l'utilisation de la benzathine pénicilline G, un antibiotique de la famille des pénicillines à action prolongée.

La benzathine pénicilline G est particulièrement efficace car elle maintient des concentrations thérapeutiques de l'antibiotique dans le corps pendant une période prolongée, offrant ainsi une libération progressive et constante de son principe actif dans le corps. La benzathine pénicilline G permet l'éradication de la bactérie Treponema pallidum, agent pathogène de la syphilis. 

Traitement de la syphilis primaire et secondaire

Pour les cas de syphilis primaire ou secondaire diagnostiqués durant la première année, l'administration d'une seule injection intramusculaire de benzathine pénicilline G "retard" est recommandée. Chez la femme enceinte, deux injections intramusculaires réalisées à une semaine d'intervalle sont nécessaires.

Dans les cas de syphilis secondaire à éruptions cutanées ou muqueuses, une réaction allergique au traitement peut survenir. Cette réaction - réaction de Jarisch-Herxheimer ou réaction d'Herxheimer - est une réponse inflammatoire aiguë conséquente à la libération rapide de toxines par les bactéries en train de mourir, suite à l'administration d'antibiotiques (notamment la pénicilline). Cette réaction, bien qu'inconfortable, ne présente aucun danger pour le patient.

Traitement de la syphilis tertiaire ou tardive

Pour la syphilis tertiaire non neurologique ou la syphilis latente tardive, le protocole thérapeutique implique une injection intramusculaire hebdomadaire de benzathine pénicilline G sur une période de trois semaines.

Dans le cas d'une neurosyphilis, une hospitalisation est requise. Une dose quotidienne de benzathine pénicilline est administrée au patient par voie intraveineuse, sur une durée deux semaines. Ce protocole thérapeutique a une efficacité de 100% et garantit la guérison totale du patient.

Cet article médical a été relu et validé par un médecin spécialiste en biologie médicale au sein d’un établissement ELSAN, groupe leader de l’hospitalisation privée en France. Il a un but uniquement informatif et ne se substitue en aucun cas à l’avis de votre médecin, seul habilité à poser un diagnostic.

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